Médicaments génériques : Un affrontement qui en dit long sur les intérêts en jeu14/09/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/09/une1989.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Médicaments génériques : Un affrontement qui en dit long sur les intérêts en jeu

Les laboratoires ne luttent pas seulement contre la contrefaçon, c'est-à-dire les faux médicaments. Il luttent aussi contre les génériques, ces copies efficaces de médicaments de grands laboratoires, autorisées à partir du moment où les brevets tombent dans le domaine public.

Les laboratoires français Sanofi-Aventis et américain Bristol Myer Squibb (BMS) s'opposent au fabricant canadien de génériques Apotex au sujet de l'un de ces médicaments, le Plavix, un anticoagulant pour lequel ils disposent d'un brevet jusqu'en 2011. Ce médicament, deuxième produit à l'échelle mondiale avec un chiffre d'affaires de 4,6 milliards d'euros en 2005, est le premier produit chez BMS et le second chez Sanofi-Aventis dont il a représenté 10% des ventes au premier semestre 2006. De son côté Apotex estime que la protection sur ce brevet est levée et cherche depuis de longs mois à produire un générique.

L'affaire doit se juger sur le fond en janvier 2007 mais Sanofi-Aventis et BMS, peut-être pas trop sûrs du résultat, ont proposé un arrangement à Apotex. Celui-ci renonçait à sortir son générique mais obtenait l'exclusivité de vente pour six mois, à partir de 2011. Mais cet arrangement n'ayant pas reçu l'approbation des tribunaux américains pour entrave à la concurrence commerciale... Apotex a sorti son générique le 8 août aux États-Unis. Dix jours plus tard, celui-ci avait pris 74% du marché, et on comprend les acheteurs puisque la différence de prix peut aller jusqu'à... 30%.

Le 31 août, un juge a décidé l'arrêt de la commercialisation du générique d'Apotex, donnant ainsi apparemment raison aux laboratoires propriétaires mais sans demander le retrait des médicaments livrés depuis le 8 août... Sanofi-Aventis et BMS estiment avoir subi un préjudice irréparable et annoncent des baisses considérables de leurs bénéfices. Mais dans le même temps, Sanofi-Aventis annonce en France une progression de son bénéfice de 15,3% au second trimestre 2006 et des ventes en hausse de 17,3% pour les six premiers mois de l'année.

Les deux laboratoires ne sont donc sûrement pas au bord de la faillite et leurs actionnaires pas près de pointer au chômage. Pas plus que ceux des laboratoires Pfizer qui ont défendu aussi, bec et ongles, leur brevet sur leur médicament anti-cholestérol, le Tahor, encore plus rentable que le Plavix puisqu'il leur a rapporté 10milliards d'euros en 2005. Sans oublier les laboratoires qui fabriquent les médicaments anti-sida et ont cherché à empêcher la fabrication de génériques à des prix abordables pour les millions de malades africains. Ou encore les laboratoires Roche qui ont vendu pour des millions de dollars de Tamiflu, seul médicament un peu actif contre la grippe aviaire, aux gouvernements des pays riches... sans vouloir baisser son prix pour que les pays pauvres puissent en disposer.

Pour les capitalistes de l'industrie pharmaceutique, c'est la bourse... contre la vie.

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