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Leur société
Rapport de la Cour des comptes sur la Sécurité sociale : Faire dire aux chiffres ce que veut le gouvernement
La Cour des comptes, dans un rapport annuel, dresse un tableau très noir des comptes de la Sécurité sociale qu'elle juge "très préoccupants". Elle évalue les besoins de financement à 37milliards d'euros d'ici à 2009, besoins qu'elle qualifie de "considérables". Même si elle relève que le déficit de la branche maladie a été réduit, passant de 12,3 milliards en 2004 à 8 milliards en 2005, elle pointe du doigt les branches vieillesse et famille. Pour l'ensemble des branches, elle présage: "Aucune amélioration globale n'est prévue pour les prochaines années." Elle ne compte même pas sur le remboursement de la dette de l'État vis-à-vis de la Sécurité sociale, que la Cour des comptes épingle au passage: l'État doit 7 milliards d'euros au 31 décembre 2005.
Mais la Cour des comptes ne fait pas seulement des comptes: sa manière de les présenter, de pointer du doigt certaines dépenses en forte augmentation, comme les crèches ou les aides à la petite enfance, de ne faire aucune distinction entre charges patronales et cotisations salariales, de regretter que les objectifs d'économies de la réforme Douste-Blazy n'aient pas été entièrement remplis (rendement du forfait d'un euro moins important que prévu, retard du plan médicament en matière de maîtrise des prescriptions), tout concourt à rendre sa conclusion comme évidente d'un point de vue uniquement comptable: "La résorption de ces déficits conduira inévitablement, sous des formes diverses, à une hausse des prélèvements et à de nouveaux plans d'économies allant au-delà de ce que prévoient les réformes des retraites de 2003 et de l'assurance maladie de 2004." Ce qu'a traduit le journal patronal Les Échos par "La Cour des comptes juge inévitables de nouvelles réformes".
Ce genre de rapport n'a évidemment qu'un seul but: faire croire que ce sont les chiffres du déficit qui imposeraient une politique de restriction en matière de soins ou de retraite. C'est travestir la vérité. Tous les gouvernements ont d'abord décidé leur politique en fonction de l'intérêt des profits des grandes sociétés, en en faisant supporter le coût au plus grand nombre, en particulier aux salariés et aux plus défavorisés. Et ensuite, ils se sont arrangés avec les chiffres pour leur faire dire ce qu'ils veulent. Y compris le contraire de ce qui serait nécessaire à la société.