Chirac et le nucléaire iranien : Ne nous fâchons pas tout de suite27/09/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/09/une1991.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Chirac et le nucléaire iranien : Ne nous fâchons pas tout de suite

En partance pour l'assemblée générale de l'ONU du 20 septembre, Chirac avait tenu à suggérer, à propos du problème du nucléaire iranien, que les grandes puissances pourraient engager le dialogue avec Téhéran sans faire de la suspension de l'enrichissement de l'uranium un préalable à toute discussion.

Pour Chirac, cette suspension pourrait n'intervenir que pendant la négociation avec l'Iran, et non plus avant. De même, les propositions de sanctions éventuelles du Conseil de sécurité de l'ONU contre l'Iran pourraient être suspendues le temps de cette même négociation.

Les médias ont fait grand cas de cette initiative, mais elle n'était peut-être qu'une perche tendue à la diplomatie américaine pour l'aider à se désengager de la crise iranienne. En effet, si cette orientation était adoptée par l'ONU (ce qui, en passant, ne se ferait pas sans le soutien au moins tacite des États-Unis), elle pourrait permettre aux dirigeants américains, déjà passablement embourbés au Moyen-Orient et prisonniers de la fermeté verbale qu'ils ont adoptée depuis le début de la partie de bras de fer avec Téhéran, de sauver la face.

Sur le fond, cette suggestion prolonge les déclarations antérieures de Javier Solana, représentant de l'Union européenne, qui une semaine auparavant, à Vienne, avait fait état de «progrès» et de «discussions constructives» avec les dirigeants iraniens. Cela prolonge aussi les prises de position des principales puissances européennes qui, depuis le début de cette crise avec Téhéran, préféreraient éviter une nouvelle aventure militaire, en Iran cette fois-ci. Les principaux dirigeants européens estiment en effet pouvoir s'accommoder du programme nucléaire iranien, d'autant plus que l'Iran reste aux yeux de bien des chefs d'entreprise européens un client potentiel...

Si la position chiraquienne était adoptée par l'ONU, la diplomatie française pourrait encore une fois apparaître comme celle qui, grâce à une attitude plus ouverte, a évité une grave crise internationale et peut-être une confrontation. Ce qui ne l'empêche pas d'intervenir militairement en Afghanistan, ou au Liban, dans le cadre des forces de l'ONU. Loin de contredire la politique des États-Unis, elle la complète quand ceux-ci en ont besoin.

Et si cette suggestion n'est suivie d'aucun effet, elle permettra au moins à Chirac, au moment où les troupes françaises se déploient au Liban, d'apparaître comme un «homme de paix», tout en apportant en fait son concours aux entreprises guerrières en cours. Sans oublier celles que la France mène pour son propre compte, en Afrique par exemple.

Partager