- Accueil
- Lutte ouvrière n°1999
- Bourgeois-Découpage - Besançon : Travailler plus et gagner moins... vraiment un truc de Bourgeois !
Dans les entreprises
Bourgeois-Découpage - Besançon : Travailler plus et gagner moins... vraiment un truc de Bourgeois !
"Vous voulez qu'on vous coupe un doigt ou le bras ? " C'est une question de ce genre que pose le patron de Bourgeois-Découpage. Il propose de passer l'horaire de travail à 38,50 heures, payées 35, et la suppression d'une prime de fin d'année pour 2007 et 2008 -en réalité une prime d'assiduité fortement amputée dès une semaine d'absence pour maladie et supprimée pour un mois, que la presse présente comme un treizième mois.
En cas de refus, le patron menaçait les 550 travailleurs du site de Besançon d'une centaine de licenciements. Si la proposition est acceptée, il n'y en aurait "qu'une cinquantaine".
Les médias ont beaucoup parlé d'un vote des salariés acceptant ces propositions. Sur France 2, mardi 21, les commentaires étaient que les travailleurs "n'hésitent plus à abandonner les 35 heures pour sauvegarder leur emploi". Sur TF1, "les travailleurs ont décidé" de passer aux 38,50 heures. Des gens souvent si prompts à vanter les mérites de la démocratie n'étaient pas très regardant sur les conditions d'un vote... qui n'a pas eu lieu ! Des sondages à main levée à la demande de syndicalistes visiblement pressés d'avoir une réponse positive ont bien eu lieu dans certains services, où quelques dizaines ont approuvé le projet en espérant sauver des emplois et d'autres se sont prononcés contre. Mais comme le dit un ouvrier, "il nous faut un an pour avoir 1 % d'augmentation, ce n'est pas en cinq minutes qu'on va voter pour 10 % de baisse".
Du côté des syndicats, si l'ampleur de la menace de suppressions d'emplois a bien été dénoncée, tous admettent qu'il "faut accepter de faire des sacrifices" et reprennent les arguments de la direction sur la concurrence étrangère ou la hausse du coût de l'acier qui plomberait les comptes de Bourgeois. Soit dit en passant, Arcelor est actionnaire de Bourgeois à hauteur de 30 % et la famille Bourgeois possède elle-même des usines en Suisse, au Danemark et en Chine.
Pour le moment, l'ambiance est davantage à l'inquiétude qu'à la révolte face au chantage du patron, qui ne promet même pas de ne faire aucun licenciement en cas d'acceptation de la fin des 35 heures, mais seulement d'en faire moins. Rien n'est encore décidé, un référendum devrait avoir lieu dans les jours qui viennent. Comme le dit un ouvrier interrogé par le journal L'Est Républicain : "On nous demande toujours plus de sacrifices alors qu'ici il y a des gens qui se permettent de rouler en Maserati. Trop, c'est trop ! "
Les Bourgeois sont connus pour leur goût des voitures de sport Maserati et Porsche. Et pour ces gens-là, un parc de voitures de course est bien plus important que l'emploi ou les conditions de travail des ouvriers.