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Dans les entreprises
Haute-Savoie : Les maçons polonais tiennent bon
Vendredi 22 décembre, la Direction départementale du Travail et de l'Emploi (DDTE) de Haute-Savoie, à Cran-Gévrier (agglomération d'Annecy), a été occupée jusqu'à tard dans la soirée par une douzaine de maçons polonais soutenus par les militants de l'Union départementale CGT. C'était l'ultime moyen pour faire que, à la veille des fêtes de fin d'année, il leur soit assuré au moins des moyens de survie immédiats: de quoi se nourrir et se loger!
Depuis la mi-octobre, ces travailleurs s'échinent au travail sur des chantiers en ayant seulement reçu 150 euros pour tout salaire depuis leur arrivée.
Ces travailleurs ont été recrutés par une entreprise polonaise, elle-même utilisée en sous-sous-traîtance par une entreprise bien française de Doussard (Haute-Savoie). Visiblement, pour tous ces requins, payer les 900 zlotys (250 euros) prévus par les contrats faits en Pologne, c'était encore trop! Aussi, depuis le 6 décembre, les maçons ont cessé le travail et, avec le soutien de la CGT, ont porté l'affaire sur la place publique.
Depuis, l'inspection du travail a bien relevé plusieurs infractions et délits: prêt illicite de main-d'oeuvre, non déclaration à la DDTE, non-respect de la durée légale du travail, non-respect des dispositions légales sur le Smic... Les procès verbaux ont été transmis au Parquet. Mais avec quelles suites?
Quant au paiement des salaires dus aux ouvriers polonais... on devra attendre l'audience en référé prud'homal du 5 janvier. Ce qui ne veut pas dire qu'ils seront effectivement payés à cette date!
Car, même avec la loi pour soi, cela ne signifie pas que l'on obtienne justice immédiatement. Ainsi, ces travailleurs se retrouvaient en plein froid à la veille de Noël, sans un sou, sans un toit.
Les autorités déclaraient que tout cela était «hors de leurs compétence» et restaient passives, y compris la Préfecture. Pourtant le ministre de l'Intérieur sait bien réquisitionner, à n'importe quel moment, avions et hôtels près des aéroports pour des expulsions de sans-papiers. Il n'était pas plus question d'utiliser immédiatement la contrainte pour que le patron paye les sommes dues aux ouvriers. Pas question non plus de faire pression sur la CAPEB (caisse patronale du bâtiment) pour qu'elle se substitue, au moins dans un premier temps, aux patrons fraudeurs pour avancer les salaires.
Finalement, au bout de plusieurs heures de cette occupation de locaux publics, la Préfecture trouvait une solution de prise en charge de ces travailleurs jusqu'au procès du 5 janvier: solidarité ouvrière et détermination ont encore joué et sont plus que jamais nécessaires.