La fin prévisible du collectif antilibéral27/12/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/12/une2004.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La fin prévisible du collectif antilibéral

Après des semaines et des semaines d'un débat tumultueux, pour ne pas dire confus, la tentative de mettre sur pied une candidature unitaire issue de la nébuleuse antilibérale s'est effondrée, faute d'avoir pu se trouver un candidat.

Il est bien vain de rechercher à qui revient la responsabilité de cet échec. Les postulants en lice après avoir prétendu que chacun était le mieux placé pour incarner ce rassemblement, accusent maintenant Marie-George Buffet «d'être passée en force», parce que, disent-ils, le PCF aurait investi les collectifs locaux en y envoyant ses militants. Une telle accusation est ridicule car rien n'empêchait les autres de faire de même, sauf qu'ils n'avaient pas les moyens militants du PCF. Et Marie-George Buffet a beau jeu de dire, à ce propos, que le reproche qu'on fait au PCF d'être la composante majoritaire de cette coalition n'est pas de bonne foi. Le PCF, même affaibli -et la politique qu'il a menée durant ces dernières années n'est pas pour rien dans cet affaiblissement- est encore, et de loin, le plus présent sur le terrain.

Le temps serait donc venu pour les promoteurs de ce rassemblement de reconnaître que la construction qu'ils ont mise sur pied autour de ce qu'ils appelaient «la dynamique du non» était une création guère viable à terme. En effet, cette construction, sans ciment politique ni organisationnel solide, n'avait guère de chance de tenir à l'approche de l'échéance électorale. Olivier Besancenot, estimant que l'antilibéralisme qui lui servait de drapeau commun n'était qu'un paravent pour éviter de s'en prendre au capitalisme, s'en était retiré, laissant à la minorité de la LCR autour de Christian Piquet le soin d'assurer la présence de la LCR au sein de ce collectif. José Bové, considérant qu'on ne prenait pas en considération sa personne, a fait de même, fulminant contre «le pouvoir de ces appareils» qui se refusaient à servir ses ambitions.

Le PCF qui n'avait pas été pour rien dans la constitution, puis dans le maintien de ce rassemblement jusqu'à son ultime limite a franchi le pas, à quatre mois de l'échéance présidentielle, brisant les espérances de Clémentine Autain, qui se voyait déjà la porte-parole des collectifs, sous prétexte qu'elle était peu marquée politiquement.

Nous ne ferons pas l'injure à la direction du PCF de penser qu'elle se faisait des illusions, même si elle a largement contribuer à en créer. En fait, le PCF misait sur l'hypothèse qu'il pourrait faire de sa dirigeante la candidate d'un rassemblement plus large. Cette démarche lui avait relativement réussi lors de l'élection régionale de 2004, en Île-de-France, et il espérait pouvoir la rééditer. Ce qui lui permettait d'une part d'aspirer à réaliser un score plus important que celui auquel il pouvait prétendre en présentant un candidat du seul PCF. Et surtout, la possibilité, comme contrepartie de son rôle de rassembleur à la gauche du PS, de marchander avec ce dernier des sièges de députés aux élections législatives qui arrivent dans la foulée de la présidentielle. Voire peut-être une troisième participation dans un gouvernement socialiste, si le PS, en l'occurrence Ségolène Royal, était en situation de désigner le futur gouvernement.

Mais à vouloir trop, et trop longtemps, jouer les rassembleurs, le PCF est maintenant montré du doigt comme LE diviseur. Cela ne veut pas dire que la suite de ses ambitions politiciennes soient réduites à néant. Cela signifie tout au plus que ses capacités de marchandages en sont amoindries.

Dans le message que Marie-George Buffet a adressé pour annoncer qu'elle se portait candidate, elle écrit sous le titre Quelle candidature pour quel rassemblement: «Après les échecs de la gauche (...) nous avons décidé de construire une nouvelle majorité qui réponde enfin aux attentes populaires... Oui, nous voulons proposer ensemble une autre voie à gauche» (L'Humanité du 3 décembre).

Le rassemblement qu'elle annonce se fera, on le sait désormais avec Ségolène Royal. Ouvre-t-il «cette autre voie?» Et vers quoi cette autre voie nous mène-t-elle? Il faudrait être naïf pour croire qu'elle mène ailleurs que vers les impasses dans lesquelles le PCF a entraîné la population laborieuse deux fois en vingt-six ans.

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