Madagascar : Ravalomanana réélu président27/12/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/12/une2004.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Madagascar : Ravalomanana réélu président

Le président malgache, Marc Ravalomanana, a été réélu au début du mois de décembre avec près de 55% des suffrages. D'ici peu, la Haute Cour Constitutionnelle devrait officialiser son élection.

La victoire de Ravalomanna a été saluée par les principaux bailleurs internationaux: Union Européenne, Banque mondiale et FMI. De leur côté, les représentants des principales puissances tutélaires de Madagascar, Chirac en tête, ont été cette fois-ci plus prompts et moins hésitants qu'en mai 2002, au début de la première présidence de Ravalomanana, à lui apporter leur soutien.

Ravalomanana avait en effet succédé à Didier Ratsiraka qui régna presque sans partage depuis un coup d'État militaire en 1975. Ratsiraka avait perdu le pouvoir au cours de périodes électorales mouvementées, plus ou moins confuses et parsemées d'échauffourées, où Ravalomanana s'autoproclama président. Cela lui valut alors quelques gestes de désapprobation hypocrite de la part des Occidentaux, vite oubliée après que Chirac, ne voulant surtout pas porter tort aux investisseurs français, se fut empressé d'aller féliciter le nouveau président malgache.

Madagascar est resté de fait sous l'emprise de l'impérialisme français. Actuellement, 600 entreprises dont 230 en zones franches ont des capitaux français dont le Crédit Lyonnais-CA, BNP-Paribas, le groupe Total ou le Groupe Colas. Cent cinquante sociétés sont des filiales françaises. Les groupes réunionnais tels que Bourbon, Caillé, Ravate ne sont pas en reste et se disputent aussi leur part du gâteau.

Ravalomanana est lui-même un capitaliste, à la tête du groupe alimentaire Tiko, créé en 1981 grâce à un prêt de la Banque mondiale. Ce groupe qui a le monopole de la fabrication dans l'île des yaourts s'est aussi développé dans le BTP, a investi dans une compagnie aérienne, la télévision et la radio. Le «roi du yaourt», ancien maire de la capitale Tananarive, s'est frayé un chemin jusqu'au sommet du pouvoir, aidé par les quelques «Tiko boys» préalablement placés dans l'administration. Et comme deux précautions valent mieux qu'une, le président malgache a trouvé l'autorité religieuse en se faisant réélire en 2004 vice-président de l'Église réformée de Jésus-Christ qui a obtenu en 2005 un prêt de la Banque mondiale pour financer un rassemblement national de ses pasteurs.

Mais si Ravalomanana s'est beaucoup enrichi, si les investissements étrangers se portent bien, la croissance ne profite qu'à un petit nombre. Le pays est classé 146ème sur 177 sur une échelle du développement mondial, publiée par l'ONU. Les deux tiers des Malgaches vivent en dessous du seuil de pauvreté et 60% de la population souffrent de malnutrition. La population a beaucoup souffert de l'augmentation brutale du prix du riz en 2004. Les salaires sont très bas. Les pauvres ne fréquentent plus les hôpitaux publics depuis que le prix des consultations a été multiplié par dix en février 2005.

Depuis que la gestion de la compagnie nationale d'électricité a été confiée à la société allemande Lahmeyer en juin 2005, les coupures d'électricité sont quotidiennes et durent parfois une semaine, comme par exemple au début du mois de décembre dans certains quartiers de la ville de Maevatanàna. On est loin de «l'électrification de chaque foyer malgache» promise lors de la campagne électorale de 2002.

En dehors de quelques travaux d'infrastructures qui ont surtout profité aux capitalistes, à commencer par Ravalomanana lui-même, rien n'a été fait pour améliorer un tant soit peu les besoins, même les plus élémentaires de la population. Et dans les cinq ans qui viennent, les pauvres ne peuvent espérer guère mieux de la part de Ravalomanana et de sa clique.

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