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Dans les entreprises
Recul du marché automobile : Les travailleurs n’ont pas à subir le chantage patronal
La presse ne cesse de le répéter: le marché automobile en France a reculé en 2006.
Et l'on insiste: une fois encore, PSA et Renault voient leur part de ce marché baisser au profit des constructeurs étrangers.
Selon certains commentateurs, ce résultat serait le pire depuis 1998. D'autres n'hésitent pas à pointer du doigt le consommateur, qui aurait perdu son attachement pour les marques françaises.
Tout cela permet de justifier les nombreux jours de chômage et les mises en fin de mission de milliers d'intérimaires décidés par PSA et Renault, particulièrement depuis l'automne 2006, sans parler des mauvais coups déjà annoncés pour 2007 avec la poursuite des journées chômées au moins pour le premier semestre.
Pourtant, selon le Comité des constructeurs français d'automobiles lui-même, les ventes de véhicules légers (c'est-à-dire les voitures particulières et les petits véhicules utilitaires) en France ont reculé de 1,9% en 2006 par rapport à l'année précédente, et même de 1,1% seulement à nombre comparable de jours ouvrables (252 contre 254 en 2005). Le recul est donc somme toute limité.
Dans ce contexte, PSA et surtout Renault auraient moins vendu de véhicules. Mais ce qui est bien souvent passé sous silence c'est qu'il s'agit de constructeurs à l'échelle mondiale, qui de toute façon produisent déjà en France bien plus qu'ils ne vendent. Mais de plus ils produisent également dans de nombreux pays et ont depuis bien longtemps compensé l'érosion de leur part du marché français en développant leurs ventes à l'échelle mondiale, actuellement les trois quarts du total de leurs ventes ayant lieu hors de France.
Même s'il y a recul des ventes de Peugeot et surtout Renault en 2006 à l'échelle mondiale, cela vient après une période de croissance continue de leur production qui a atteint 6 millions de véhicules en 2005, contre 4 millions en 1997 (et encore, ces chiffres ne prennent pas en compte la production très importante de Nissan, filiale de Renault). Une hausse de 50% en huit ans, voilà qui relativise les difficultés de cette année.
D'autant que les raisons de la mévente actuelle sont données par les constructeurs eux-mêmes: leurs modèles sont vieillissants. Or s'il y a bien une chose qu'ils maîtrisent, c'est le renouvellement ou non de leur gamme. En fait, le but des constructeurs n'est pas nécessairement de vendre plus de voitures, mais de maintenir la rentabilité, autrement dit les profits.
Cela veut dire que, sous prétexte de ces prétendues difficultés, ils vont tenter d'imposer encore une aggravation des conditions de travail à tous les travailleurs, embauchés ou intérimaires, de ces deux groupes et de tous les sous-traitants. Mais ceux-ci n'ont pas de raisons de l'accepter.
Il y a, paraît-il, des difficultés? Eh bien, les profits accumulés aussi bien par PSA que Renault depuis des années doivent permettre sans problème d'y faire face. Ce n'est pas aux travailleurs de payer!