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- Lutte ouvrière n°2009
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Leur société
Toulouse : Le procès de Total pour l’explosion d’AZF
Pour Noël ou pour la saint-glinglin?
Le garde des Sceaux a promis que le procès de l'explosion de l'usine AZF, à Toulouse en septembre 2001, aurait lieu durant le premier semestre 2007. Cela paraît mal parti... Le 18 janvier, la chambre d'instruction du tribunal de Toulouse discutait justement de la fermeture de l'instruction de ce procès. Et le délibéré ne sera connu que le 8 mars!
Les avocats de Total ont utilisé toutes les astuces de procédure pour retarder l'échéance. Pour eux, il y a toujours un acte complémentaire à demander, tant ils repoussent les conclusions des experts qui démontrent de manière implacable la complète responsabilité de l'industriel.
Certes il y aurait beaucoup à redire sur la manière dont l'enquête a été menée. Ainsi les pièces saisies dans l'usine au lendemain de l'explosion ont été déposées en vrac chez un garde-meuble, et y ont tranquillement dormi pendant cinq ans.
À la requête de l'Association des sinistrés, le juge s'est déplacé pour examiner ces pièces. Il a pu constater qu'elles n'avaient pas été répertoriées, et qu'elles sont aujourd'hui inexploitables. Pourtant il y avait là des études scientifiques sur la dangerosité du nitrate et la liste des accidents survenus dans l'usine. Ces pièces ne pourront pas être versées au dossier. Mais ce qu'on sait est suffisamment éloquent.
À vrai dire, la signature systématique d'accords amiables, qui a été largement favorisée par l'administration, a permis à Total de faire signer des soldes de tout compte à l'immense majorité des sinistrés. La question des dédommagements a donc été réglée pour Total. Ainsi, le procès n'est plus guère qu'une question d'image.
La catastrophe de l'usine de la Mède il y a onze ans, celle de l'Erika avant l'explosion d'AZF, les soupçons de corruption en Afrique, d'utilisation du travail forcé en Birmanie n'ont pas empêché le trust Total d'amasser des profits énormes, et on peut penser qu'apporter la preuve de sa totale responsabilité dans la catastrophe de l'usine AZF ne le gênera pas plus.
Mais, semblent penser les dirigeants du groupe: «Que ce soit le plus tard possible!».