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Dans les entreprises
Hôtellerie-restauration : Un accord où les patrons sont gagnants
Un nouvel accord sur le temps de travail dans le secteur des hôtels-cafés-restaurants a été signé par les fédérations patronales et quatre syndicats de salariés. L'horaire hebdomadaire de travail reste fixé à 39 heures, mais certaines heures effectuées sont revalorisées, et la sixième semaine de congés payés est maintenue sous forme de cinq jours de congés supplémentaires. Une nouveauté cependant: la grille de salaires, jusque-là rédigée en francs, sera pour la première fois établie en euros!
En octobre 2006, le Conseil d'État avait annulé le précédent accord de juillet 2004, dans lequel les employeurs ne reconnaissaient pas la loi des 35 heures, puisqu'ils avaient établi que les quatre heures supplémentaires entre 35 et 39 heures seraient dites «d'équivalence» et payées au tarif de base. Ces heures sont désormais majorées de 10% et celles effectuées au-delà de 39 heures majorées de 20 à 50%.
Seule la CGT a cette fois-ci refusé de signer l'accord, avançant qu'il n'apportait rien aux salariés. Et c'est vrai que l'accord ne changera pas grand-chose sur le fond. Même si les patrons de l'hôtellerie-restauration concèdent enfin qu'il existe une loi fixant les horaires de travail à 35 heures, les horaires effectués par les 800000 salariés de ce secteur ne changeront pas, ni leurs conditions de travail. Grâce au contingent de 360 heures supplémentaires qui leur sont accordées, les patrons pourront faire travailler leurs employés jusqu'à 43 heures par semaine en bénéficiant d'un maximum de flexibilité: par exemple, un salarié à temps partiel n'aura peut-être plus qu'une seule coupure dans sa journée, mais celle-ci pourra être de... cinq heures, soit autant, sinon plus, que son temps de travail!
Reste l'augmentation de salaire correspondant au paiement en heures supplémentaires au-delà de 35 heures: elle représentera en moyenne 13 euros par mois pour les travailleurs payés au smic, qui forment 60% des salariés de la profession. Dans le même temps, les patrons ont eu droit à deux plans successifs d'allégement de leurs cotisations sociales. Le premier, entre 2004 et 2006, leur accordait un allégement mensuel de 114 euros par salarié payé au Smic et de 57 euros pour ceux ayant un salaire supérieur. Ces sommes ont été réévaluées dans le second plan pour être portées respectivement à 180 et 90 euros!
Ce genre d'accord signé en dehors de la mobilisation des salariés est le modèle de «concertation sociale» que nous vantent les gouvernants. Mais ce sont les intérêts des patrons qu'il prend d'abord en compte.