À quoi servent donc ces bénéfices ? On constate qu'une part croissante de ces profits est consacrée aux actionnaires, sous forme de distribution de dividendes, mais aussi sous forme de rachat de paquets de ses propres actions par l'entreprise ; ces actions sont alors détruites afin d'augmenter le dividende distribué à celles qui restent, et indirectement leur valeur en Bourse.

Dans les années 1980, un peu plus du quart des bénéfices étaient ainsi distribués aux actionnaires. En 2006, ce sont 45 % de leurs bénéfices de l'année 2005 que les entreprises du CAC 40 ont consacré à leurs actionnaires, soit 40 milliards d'euros, en augmentation de 25 % par rapport à l'année précédente. 32 milliards ont été versés directement aux actionnaires sous forme de dividendes et près de 8 milliards ont été consacrés au rachat d'actions. Il ne s'agit que d'une moyenne et certaines entreprises consacrent une part encore plus grande de leurs profits aux actionnaires. Par exemple Total leur a consacré les deux tiers de ses profits de 2005 : 3,9 milliards d'euros sous forme de dividendes et 3,5 milliards d'euros pour le rachat de ses propres actions. Même lorsque les profits sont en baisse, les actionnaires continuent à être choyés. Ainsi Bouygues dont le bénéfice était en baisse de près de 9 % en 2005 a distribué des dividendes en hausse de 20 % !

Les profits des entreprises servent d'abord à enrichir les actionnaires puis à spéculer avec le reste. Quant à ce que les patrons considèrent comme des " investissements ", il s'agit le plus souvent de rachats d'entreprises déjà existantes. Rien de tout cela ne permet de développer la production en fabriquant les biens utiles qui manquent à la population et en créant des emplois. Bien au contraire. Il s'agit d'un usage nuisible des richesses produites.