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Dans le monde
Centrafrique : L'armée française au secours de la dictature
« Les accords de défense passés entre la France et certains pays africains sont respectés et le seront toujours », a déclaré Chirac le 15 février, lors du récent sommet France-Afrique. Illustration quasi immédiate : début mars un accrochage opposait, en Centrafrique, des « rebelles » à des militaires français.
Il n'y aurait pas eu de victimes, selon le communiqué français, bien que des Mirage F1 soient intervenus pour détruire des véhicules. Selon l'état-major français, les Mirage survolent toujours « en quasi-permanence » la région dans une « démonstration de force ». L'armée française, qui compte habituellement un contingent de 200 soldats dans sa base de la capitale Bangui, a décidé d'envoyer des renforts.
Il s'agit pour Paris de soutenir le régime du général François Bozizé, menacé par la rébellion de l'Union des forces démocratiques pour le rassemblement, un mouvement qui opère près de la frontière avec le Soudan, à la faveur de l'instabilité créée par le conflit du Darfour voisin.
Bozizé est loin d'être un démocrate. Il a pris le pouvoir par un coup d'État, le 15 mars 2003, en profitant d'un voyage à l'étranger (fatale imprudence !) du président en titre, Patassé, lui-même fort peu recommandable.
Dans un premier temps, la France a réprouvé le coup d'État et affecté de prendre ses distances avec le nouveau régime. Mais ça n'a pas duré longtemps : Villepin s'est rendu à Bangui dès 2003 et, à la suite d'élection présidentielle (puis législative) où Bozizé a été élu avec 64,6 % des voix, le régime est redevenu tout à fait fréquentable.
C'est ainsi que l'armée française, au nom du respect des accords militaires, soutient un général putschiste contre une rébellion (qui ne vaut peut-être guère mieux), après avoir soutenu, dans ses anciennes colonies d'Afrique, une ribambelle de régimes dictatoriaux et corrompus, souvent vomis par les populations locales.
C'est cela la politique africaine de la France, vis-à-vis de laquelle ni Sarkozy ni Bayrou ni Royal n'ont rien trouvé à redire.
La Françafrique, c'est loin d'être terminé !