- Accueil
- Lutte ouvrière n°2030
- Il y a 50 ans : L'assassinat de Maurice Audin
Divers
Il y a 50 ans : L'assassinat de Maurice Audin
Dans la nuit du 11 juin 1957, Maurice Audin, jeune mathématicien de vingt-cinq ans, militant pied-noir du Parti Communiste Algérien et combattant de l'indépendance algérienne, était arrêté à Alger par l'armée française. Il ne devait plus jamais reparaître. Les militaires évoquèrent une " évasion " alors qu'il était mort par l'effet de leurs tortures. Malgré l'acharnement pour que la vérité éclate, en particulier de ceux qui se rassemblèrent dans le Comité Audin, un non-lieu fut prononcé en avril 1962 et les lois d'amnistie protégèrent les assassins.
Cinquante ans plus tard, Josette Audin, sa femme, exige toujours que l'État lui dise enfin la vérité. Mais Maurice Audin fut la victime non seulement des tortionnaires de l'armée, mais aussi de la politique du parti socialiste SFIO, partisan du maintien de " l'Algérie française ", qui avait donné carte blanche à celle-ci pour réprimer en Algérie.
La loi instaurant l'état d'urgence, votée en avril 1955, avait confié aux tribunaux militaires le sort des combattants algériens ou considérés comme tels. Un an plus tard, les pouvoirs spéciaux étaient votés par pratiquement tous les députés, y compris ceux du Parti Communiste. Ils attribuaient au gouvernement, conduit par le socialiste SFIO Guy Mollet, " les pouvoirs les plus étendus pour prendre toutes les mesures exceptionnelles commandées par les circonstances en vue du rétablissement de l'ordre, de la protection des personnes et des biens et de la sauvegarde du territoire ".
C'est en vertu de ces pouvoirs que le ministre résident en Algérie Robert Lacoste, un autre socialiste SFIO, remit au début 1957 les pleins pouvoirs de police pour la zone d'Alger au général Massu. On assista alors à une répression féroce, à la généralisation de l'usage de la torture et des exécutions sommaires. Au prix de milliers et de milliers de victimes, dont Maurice Audin, ce qui fut appelé la " bataille d'Alger " allait aboutir à éliminer pour un temps le FLN de la ville.
En remettant à l'armée les rôles de police et de justice, le gouvernement Guy Mollet savait à quoi s'attendre. En pratiquant la politique de la terre brûlée, en torturant et en assassinant, l'armée allait appliquer ses pratiques habituelles de toutes les guerres coloniales.
Cela ne pouvait pas empêcher l'indépendance de l'Algérie, mais seulement la faire payer plus cher au peuple algérien.