- Accueil
- Lutte ouvrière n°2031
- Électricité : Concurrents ou complices ?
Leur société
Électricité : Concurrents ou complices ?
EDF n'a qu'un concurrent sérieux, Electrabel du groupe Suez, qui possède comme lui des centrales nucléaires (en Belgique) et des centrales hydroélectriques (sur le Rhône, lesquelles lui ont été bradées). Les autres concurrents sont minuscules et ne produisent pas, ou quasiment pas, de courant. Pour en vendre, ils doivent donc au préalable l'acheter. Et à qui d'autre sinon à l'omniprésent EDF ?
Le Conseil de la concurrence vient d'imposer à EDF de renégocier avec Direct Energy, Poweo et autres des contrats de fourniture d'électricité plus avantageux que les précédents, afin de rendre possible " une concurrence effective ".
Est-ce là la fameuse " libre concurrence " ? Imagine-t-on Renault condamné à vendre ses propres voitures à Peugeot au prix coûtant, afin que ce dernier puisse les revendre aux clients à des prix très légèrement inférieurs à ceux pratiqués par Renault, dans le but de conquérir des parts de marché ?
C'est pourtant cette aberration qui commence à se mettre en place et, contrairement à ce qu'on pourrait croire, sans qu'EDF proteste vraiment. Sans doute EDF y perdra un peu si ses petits concurrents parviennent à se tailler une place sur le marché. Mais en contrepartie, ce marché commencera à exister vraiment, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Et dans ce contexte nouveau, EDF pourra aligner progressivement ses tarifs sur ceux du marché, qui deviendront vite plus élevés, et donc finalement gagner beaucoup dans cette opération. En même temps, le trust EDF deviendra de plus en plus attractif pour les capitaux privés.
Un jour, peut-être, on verra le même Conseil de la concurrence, ou les autorités européennes, se plaindre des ententes illicites entre les producteurs ou les opérateurs, comme cela se passe dans la téléphonie mobile. Mais le marché de l'électricité n'est même pas encore véritablement ouvert que cette entente a déjà commencé, avec la bénédiction de tous.