Depuis quelques semaines, la presse régionale se fait l'écho du patronat et des notables locaux sur les difficultés de recrutement de main-d'oeuvre en Haute-Savoie, en particulier dans l'industrie.

Aussi pour aider les patrons à recruter, tout est bon, même la publicité mensongère ! Ainsi il y a quelques semaines Le Dauphiné Libéré faisait sa Une en titrant : « Les salaires jusqu'à 4 200 euros dans le Décolletage » (industrie traditionnelle en Haute-Savoie, en particulier en vallée d'Arve) ! Inutile de dire que la réalité est tout autre.

La réalité, c'est par exemple ce que vivent les travailleurs de la plus grosse entreprise industrielle du département : la SNR Roulements dans l'agglomération d'Annecy. Les salaires y sont devenus tellement bas au fil des ans que les « minis » des premiers coefficients ouvriers sont inférieurs au smic, et ce depuis plusieurs années.

Dans ces conditions, rien d'étonnant que la seule solution immédiate pour beaucoup de jeunes travailleurs soit de s'épuiser en heures supplémentaires ou en travaillant de nuit, tout simplement pour pouvoir boucler la fin du mois. Ce qui n'est pas simple dans une région avec les loyers parmi les plus chers de France.

Alors SNR peut se vanter d'être le « premier recruteur de Haute-Savoie » avec 900 embauches en CDI depuis cinq ans, l'ennui c'est que dans le même temps les démissions ont été si nombreuses que, cumulées avec les départs en retraite, l'effectif global a diminué de 261 travailleurs (171 pour les travailleurs en CDI et de 90 pour les intérimaires « permanents »).

Aussi, même si à plus long terme l'objectif de la direction est de baisser les effectifs, sur le court terme cette hémorragie de départs (à cause surtout des bas salaires) pose de sérieux problèmes pour sortir la production. D'où les campagnes de publicité dans la presse, mais aussi tout dernièrement du jamais vu : une prime de 60 euros en bons d'achat serait attribuée à tout salarié de SNR qui trouverait un volontaire à l'embauche... qui resterait au moins six mois au boulot. Cela a tellement choqué que, dans plusieurs secteurs, les affiches annonçant cette mesure ont été « graffitées » au point de devoir être retirées.