Le travail est de plus en plus pénible à IBM-La Gaude, où nous devons tenir des délais de plus en plus courts pour mener à bien les projets pour les clients. Nous avons tout le temps sur le dos les managers, qui eux-mêmes sont harcelés par les directeurs ; et nous devons tenir les délais avec de moins en moins de monde dans les services. En quinze ans, les effectifs sont passés de 1 300 à 550.

Le système de notation et d'évaluation vise à nous isoler les uns des autres. Notre promotion et notre salaire en dépendent et même notre avenir dans l'entreprise, puisqu'il n'y a plus d'augmentations générales. Obtenir la note 4, attribuée à la tête du client, c'est se retrouver sur un siège éjectable en étant désigné prioritairement pour les plans de licenciements.

C'est ce qu'a dénoncé le médecin du travail dans un rapport alarmant sur la santé psychologique de nombreux salariés : stress, troubles du sommeil. Il mettait en cause la direction, lui reprochant sa politique dans l'entreprise. La réaction ne s'est pas fait attendre : la direction a essayé de se débarrasser du médecin du travail ! Mais celui-ci ne s'est pas laissé faire. La direction départementale du travail a été saisie et a donné quatre mois à la direction pour évaluer les risques psychologiques que nous subissons au travail.

Bonne question, mais si pour la direction tout va bien, ce n'est pas notre avis. Les pressions en tout genre pour nous faire travailler plus et plus vite sont insupportables.

Le groupe IBM a fait en 2006 un chiffre d'affaires de 91 milliards de dollars et 9,4 milliards de bénéfices. Nous n'allons pas ruiner notre santé pour accroître encore des résultats aussi florissants !