Palestine : Un territoire morcelé et une économie sinistrée par l'État israélien09/11/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/11/une2049.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Palestine : Un territoire morcelé et une économie sinistrée par l'État israélien

Depuis dimanche 28 octobre, suite à des tirs de roquette venant du territoire palestinien de Gaza, Israël a décidé de nouvelles sanctions économiques, réduisant notamment ses livraisons de carburant, ce qui entraîne une baisse de la production électrique et paralyse toute l'économie de cette région. Israël continue ainsi d'étrangler la population palestinienne de Gaza, sous prétexte que le Hamas y a pris le pouvoir en juin dernier. Mais en fait les dirigeants israéliens continuent à s'en prendre à l'ensemble des Palestiniens, de Gaza comme de Cisjordanie.

Le seul point de passage entre Gaza et Israël ayant été fermé, aucune exportation n'a pu avoir lieu depuis le mois de juin, et les importations sont limitées aux produits alimentaires. Dans le secteur industriel, qui produit essentiellement pour l'exportation, environ 70 % des travailleurs seraient au chômage. La situation est similaire pour l'agriculture ou le bâtiment.

Mais en Cisjordanie aussi l'implantation de colonies israéliennes et la construction de toute une série d'infrastructures aboutissent au même résultat. Le nombre de colons israéliens est actuellement estimé à 270 000, contre 2 millions et demi de Palestiniens. Les colonies juives proprement dites n'occuperaient qu'un peu moins de 2 % de la Cisjordanie mais, comme elles sont implantées de façon dispersée sur tout le territoire, plus de 40 % de la surface serait de ce fait contrôlée par les autorités israéliennes, avec la construction de voies d'accès, de postes militaires ou du mur de séparation entre l'État juif et le territoire palestinien,

Les routes rapides, réservées aux Israéliens, ou la ligne du futur tramway de Jérusalem-Est construite par Alstom et Veolia, créent un maillage visant à morceler le territoire ; elles contournent les villes ou villages palestiniens, quand elles ne les coupent pas en deux, obligeant les habitants à effectuer de larges détours pour se rendre à leur travail, ou les enfants à leur école, et à perdre encore plus de temps avec les contrôles aux points de passage.

La construction du mur entre Israël et la Cisjordanie répond à la même logique : rendre la vie impossible aux Palestiniens. Déjà son tracé sinueux multiplie les obstacles à la continuité territoriale d'un hypothétique État palestinien et complique l'administration du pays. Mais surtout des habitations, voire des villages entiers ont été détruits, 90 000 oliviers arrachés afin de créer une zone dite « de sécurité » d'une cinquantaine de mètres, des milliers d'hectares de terres cultivables ont été confisqués aux Palestiniens. Le mur fait aussi obstacle aux paysans pour rejoindre leurs champs, les points de passage étant rares (une trentaine en théorie), ouverts à des horaires restreints qui ne sont pas adaptés aux travaux agricoles et assortis de contrôles qui peuvent durer des heures. Une douzaine de villages palestiniens se trouvent aussi pris entre la frontière israélienne et le mur, empêchant leurs habitants de se rendre en Cisjordanie.

À ce morcellement du pays, créé par les constructions israéliennes, s'ajoute la répartition inégalitaire de l'eau. Les eaux du Jourdain, qu'elles soient de surface ou souterraines, sont depuis 1967 sous le contrôle d'Israël qui, selon la Banque mondiale, en accapare près de 90 % pour les colonies juives, les Palestiniens ne disposant que des 10 % restants. La majorité des villes et des villages palestiniens n'ont droit à l'eau potable que quelques heures par semaine, tandis que les postes militaires et les colonies en disposent continuellement. 70 % de l'eau distribuée aux colonies est consacrée aux cultures irriguées pour l'exportation et, pour ces cultures, Israël pompe aussi sans retenue dans les nappes phréatiques, tandis que les Palestiniens n'ont pas le droit de forer des puits. À Gaza, Israël a retiré ses colonies, mais a laissé aux Palestiniens une eau saumâtre impropre à la consommation car, à force de vider les nappes phréatiques, l'eau de mer s'y est infiltrée.

Le morcellement du territoire et l'étranglement économique de la Palestine visent, tout autant que les guerres de conquête, à chasser les habitants de la Cisjordanie pour permettre à Israël de s'agrandir. Cela ne peut qu'accroître la révolte des Palestiniens.

Marianne LAMIRA.L

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