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Dans le monde
Géorgie : De la rose ne restent que les épines.
Du 2 au 9 novembre, les manifestations antigouvernementales auraient rassemblé quotidiennement de 10 000 à 15 000 personnes dans le centre de Tbilissi, la capitale de la Géorgie.
Cette participation importante, eu égard à la taille du pays (cinq millions d'habitants), explique sans doute pourquoi le président Saakachvili a fait réprimer sauvagement les manifestants - au point que son ministre de l'Intérieur parle même maintenant des " abus " de la police antiémeute - avant de décréter l'état d'urgence pour quinze jours. Dans la foulée, le pouvoir a fait fermer les deux chaînes de télévision indépendantes, interdisant même aux chaînes publiques sous contrôle gouvernemental de diffuser le moindre bulletin d'information : le régime ne se fait visiblement guère d'illusions sur sa popularité, même dans des organismes qui lui sont étroitement liés.
Cela donne la mesure de la vitesse avec laquelle s'est discrédité le président Saakachvili, arrivé au pouvoir il y a quatre ans, au cours d'une révolution de palais appuyée sur la rue, dite " révolution des roses ".
Il est vrai que Saakachvili, homme du sérail du régime précédent, n'avait rien promis à ceux qui avaient manifesté, en 2003, contre son prédécesseur. Il s'était borné à laisser croire que le changement de tête au sommet s'accompagnerait d'une amélioration de son sort pour la majorité de la population, enfoncée dans le chômage et soumise à une pauvreté croissante depuis, en fait, l'effondrement de l'URSS, fin 1991, dont la Géorgie faisait partie.
Devenu le chouchou des chancelleries occidentales parce qu'il s'était fait leur instrument dans la région, en cherchant notamment à y contrer l'influence de la Russie, Saakachvili a, depuis quatre ans, bénéficié du soutien diplomatique et matériel des États-Unis comme de l'Union européenne. Et, devant le mécontentement persistant de la population, il a, chaque fois qu'il l'a pu, pointé du doigt Moscou, désignant le Kremlin comme le responsable de tous les maux du pays. En cela Poutine, avec sa politique de soutien aux xénophobes anticaucasiens de Russie, n'a cessé de rendre un fier service à Saakachvili. Mais la ficelle a beau être grosse, à trop servir, elle finit par casser.
Maintenant, les protecteurs occidentaux de Saakachvili - qui n'ignoraient bien sûr rien de ses méthodes et de la corruption de son entourage - se disent hypocritement " préoccupés " de ses entorses à la démocratie. À quoi ledit Saakachvili a répondu par avance... en annonçant qu'il organiserait des élections présidentielles anticipées, début janvier 2008.
D'ici là, il peut espérer que les États-Unis et l'Union européenne ne feront même plus semblant de lui faire les gros yeux, que l'opposition, composée pour une bonne part de gens ayant été ou se trouvant encore au pouvoir, n'aura pas réussi à trouver un candidat susceptible de l'emporter. Et, bien sûr, que la police saura faire entendre raison, sans trop d'" abus " visibles, à ceux pour lesquels la prétendue " révolution des roses " n'a apporté ni pain, ni travail, ni réel espoir de changement.