Oui, c'est la jonction des grèves qui nous fera gagner.15/11/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/11/une2050.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Oui, c'est la jonction des grèves qui nous fera gagner.

Sarkozy roule des mécaniques, comme d'habitude, et dit qu'il " tiendra " face aux orages sociaux qui s'annoncent. Fillon, emboîtant le style du chef, répète qu'il " n'a pas peur " et qu'il attend même de pied ferme un conflit social dur avec les agents SNCF.

Mais derrière les simagrées d'intimidation, le gouvernement n'est pas si sûr de lui. Il voudrait nous persuader que la partie est jouée d'avance, mais au fond il redoute que tous les salariés (soutenus par leurs enfants, les étudiants !) relèvent son défi.

L'intox sur les prétendus " privilèges " du régime SNCF n'a globalement pas pris. L'ex-Pdg des cimenteries Lafarge va percevoir une retraite d'un million d'euros par an. Pas 1 300 euros par mois comme la moitié des cheminots. On les connaît, les vrais privilégiés. De plus, il est faux de dire que l'allongement de la durée de vie menace les retraites. Le chômage et les bas salaires sont les vrais responsables. Plus ces fléaux touchent les travailleurs, et moins les cotisations rentrent dans les caisses de retraites. Imposer des embauches et des augmentations de salaires, c'est cela défendre nos retraites ! C'est permettre de revenir aux 37,5 annuités de cotisations pour tous, du public et du privé !

Mais pour gagner, les cheminots cette semaine, comme les salariés du public la semaine prochaine, ont un autre défi à relever : éviter à tout prix la sectorisation et l'isolement. Il leur faut faire la jonction de leur mobilisation en encourageant les salariés du privé à les rejoindre. Car la tactique du gouvernement consiste précisément à miser sur le fractionnement des luttes.

Le tandem Fillon-Sarkozy voudrait ne pas céder à l'un des secteurs les plus combatifs de la classe ouvrière, afin de démoraliser tous les autres, à la façon dont Thatcher était venue à bout des mineurs anglais dans les années 1980. Cela, c'est le rêve, le fantasme de Sarkozy. L'espoir du patronat. Mais rien ne dit que l'histoire se répètera deux fois.

Car il n'y a pas que les cheminots et les salariés du public. Dans le secteur privé aussi, la colère monte d'un cran un peu partout. Des grèves ont eu lieu ces dernières semaines sur les salaires : des pêcheurs aux hôtesses de l'air en passant par celles moins médiatisées de nombre d'entreprises privées, comme Conforama par exemple. En étendant leurs revendications au pouvoir d'achat, les mouvements reconductibles annoncés à la SNCF, mais aussi à EDF, GDF et la RATP menaceraient patrons et gouvernement d'un conflit généralisé. Voilà pourquoi Sarkozy a voulu éteindre au plus vite l'incendie allumé par les pêcheurs, quitte à se voir interpellé devant les caméras sur le triplement de son salaire.

La voilà la hantise du patronat et du gouvernement : la jonction des luttes, leur généralisation, devant lesquelles ils ne pourront plus " tenir ", justement.

Certes, ce n'est pas la stratégie des directions syndicales. Celles-ci continuent de quémander des négociations, alors que c'est à l'épreuve de force qu'il faut se préparer. En témoigne le refus sec du ministre du travail Xavier Bertrand d'organiser la réunion État-patron-syndicats sur les retraites à la SNCF demandée par la CGT. Mais heureusement, la journée de grève du 18 octobre dernier a pleinement réussi alors que les directions syndicales s'y étaient engagées à reculons. Les assemblées de cheminots ont souvent reconduit la grève les jours suivants. Cela prouve que, pour peu qu'ils s'organisent pour contrôler leur mouvement, les salariés ont les moyens de décider de la marche à suivre.

Il faut faire converger les luttes. Les étudiants en grève contre la privatisation rampante des facs le souhaitent ouvertement. Ils l'ont dit ce week-end lors de leur réunion de coordination, à Rennes. La grande peur du gouvernement, c'est que nous nous épaulions les uns les autres, étudiants, cheminots, gaziers, électriciens et agents de la RATP et de l'Opéra pour poursuivre ensemble la grève jusqu'au mardi suivant, le 20 novembre, jour de grève pour la fonction publique et certains secteur du privé comme le bâtiment. Alors nous aurions la force d'entraîner assez de travailleurs pour faire vraiment reculer nos adversaires.

Éditorial des bulletins d'entreprise l'Étincelle du lundi 12 novembre, édités par la Fraction de Lutte Ouvrière.

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