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- Lutte ouvrière n°2050
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Leur société
Retraite et espérance de vie : Une argumentation à désespérer.
Les partisans de la prétendue " réforme " des retraites qu'on veut imposer aux salariés expliquent, entre autres arguments, qu'il nous faut désormais faire face à cette donnée nouvelle : l'augmentation de l'espérance de vie.
Ils répètent qu'auparavant les salariés mouraient plus jeunes, et que les travailleurs en activité étaient suffisamment nombreux pour assurer le financement des pensions de leurs aînés. À les entendre, cet allongement de la durée de vie deviendrait presque une calamité. Ils ne vont pas jusqu'à réclamer que l'on écourte la vie de ceux qui ont pourtant mérité un légitime repos après avoir travaillé toute leur vie, mais cette logique conduit à laisser entendre que les retraités deviennent une charge pour la collectivité, qu'elle n'a plus les moyens d'assumer. Ils proposent donc d'écourter la période de vie qui permet aux travailleurs de souffler et de se consacrer, selon leur libre choix, à des activités plus riches et plus épanouissantes que celle qui les a contraints à se rendre, des années durant, chaque jour, à l'usine ou au bureau au service d'un patron.
Mais que vaut ce système qui prétend n'avoir plus les moyens de prendre en charge les anciens, et dont les dirigeants ne proposent que la possibilité de travailler plus longtemps, donc plus vieux, ou bien qui condamne à survivre, avec des revenus qui les conduiront à l'indigence, ceux qui n'ont plus la possibilité de travailler parce qu'ils n'en ont plus les moyens physiques, ou tout simplement parce qu'on ne leur propose plus de travail ?
Car c'est cette perspective qui se dessine derrière la démarche du gouvernement et derrière les raisonnements de tous ceux, de droite bien sûr, mais aussi de gauche, qui nous expliquent que le recul de l'âge de la retraite ou la réduction de son montant seraient une nécessité incontournable.
Mais ce qu'oublient de nous dire toutes ces bonnes âmes, c'est que dans les dix dernières années les gains de productivité dans l'industrie ont été supérieurs à 50 %. Ils frôlent même les 80 % dans certaines branches comme celles des biens de consommation. Mais ces gains-là, les exploiteurs se les approprient sans la moindre de gêne, pas plus qu'ils n'éprouvent de scrupule à stigmatiser ceux qui, parmi les salariés, osent vivre trop vieux.