- Accueil
- Lutte ouvrière n°2052
- Procès Stocamine (Mulhouse) : On a joué avec la vie des mineurs et de la population
Dans les entreprises
Procès Stocamine (Mulhouse) : On a joué avec la vie des mineurs et de la population
Quatre à six mois de prison avec sursis ont été requis par la justice contre l'ex-directeur du centre de stockage de déchets ultimes Stocamine et 45 000 euros d'amendes contre la société pour avoir exposé des travailleurs aux fumées toxiques. Ils étaient poursuivis pour violation délibérée d'une obligation de sécurité, ayant entraîné un risque de mort ou de blessure.
En septembre 2002, un incendie avait ravagé pendant deux mois des galeries de Stocamine contiguës aux galeries des mines de potasse du puits Amélie. Depuis trois ans, Stocamine, filiale des Mines de potasse d'Alsace (MDPA) et du numéro trois du traitement des déchets, Séché Environnement, y enfouissait des déchets ultimes, censés être inertes, à 500 mètres de profondeur. En fait, environ 1 700 tonnes de déchets phytosanitaires inflammables ont été également stockées - sur des palettes en bois ! - alors que l'arrêté préfectoral l'interdisait totalement.
Quand l'incendie s'est déclaré, la direction a continué de faire descendre les travailleurs de Stocamine sans aucune protection pour lutter contre l'incendie, alors que les syndicats avaient demandé des combinaisons spécifiques. " Aucun danger, il s'agit d'un feu de palettes ", expliquait à l'époque la direction. De la même manière, la direction des MDPA expliquait aux mineurs encore en activité pour quelques mois qu'ils ne risquaient rien. Un " expert " désigné par la direction prétendait même pour sa part que " l'atmosphère qui sortait du puits était moins polluée que celle de Strasbourg " ! Finalement, les mines ont été fermées avec quelques mois d'avance, et l'incendie des déchets, impossible à éteindre, a été contenu en murant les galeries.
Le procès qui s'est déroulé pendant quatre jours mi-novembre était dû à une plainte des syndicats et de quatre-vingts mineurs et travailleurs de Stocamine qui souffrent depuis l'incendie de problèmes d'asthme, d'allergies ou d'éruptions cutanées. Nul ne sait quelles conséquences peuvent avoir les saletés qu'ont respirées les mineurs des MDPA, les travailleurs de Stocamine et la population environnante. Il est par contre évident que les directions, par volonté de faire du chiffre, ont pris des risques avec la peau des autres. Leurs avocats ont étalé tout leur mépris pendant le procès, disant aux mineurs qu'ils n'avaient pas de feuille d'arrêt maladie à l'appui de leurs plaintes. Difficile d'en avoir puisque, suite à l'incendie, ils avaient été mis en cessation d'activité !
Les mineurs sont d'autant plus en colère que les syndicats avaient demandé que soient installés à Stocamine des moyens de surveillance, comme des détecteurs de chaleur, refusés par la direction. Le verdict sera rendu fin janvier. Le procès a montré qu'en fait, le vrai risque était surtout en surface : dans l'irresponsabilité sociale et l'âpreté au gain de patrons pour qui la vie et la santé des travailleurs et des populations passent largement après les profits.