Sarkozy, la Chine et les droits de l'homme28/11/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/11/une2052.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Sarkozy, la Chine et les droits de l'homme

Quoique nanti de son diplôme d'avocat, Sarkozy n'était pas en Chine du 25 au 27 novembre pour s'y faire celui des droits de l'homme. Il y était, il fallait que ce fût clair pour tout le monde, en tant que commis-voyageur du grand patronat français.

Peut-être est-ce pour ne pas faire de peine aux dirigeants chinois qu'il avait pris soin de priver de sortie à Pékin Rama Yade, sa secrétaire d'État aux Droits de l'homme, dont pourtant seul le titre, et non pas l'action, aurait pu être gênant.

Les droits de l'homme n'étaient donc pas au nombre des " grands objectifs " visés par le président dans le cadre de sa visite en Chine.

Sarkozy s'est contenté d'évoquer prudemment une " suspension progressive des exécutions capitales ", à laquelle Hu Jintao a rétorqué que " la société chinoise n'est pas prête pour l'abolition de la peine de mort ", concédant tout de même poliment qu'il continuerait à " alléger le nombre de cas où la peine de mort est appliquée ". Voilà qui ne doit pas rassurer les militants défenseurs des droits de l'homme, en Chine et ailleurs, ni consoler les milliers de condamnés à mort potentiels - 7 500 à 8 000 exécutions chaque année dans le pays selon Amnesty International. Il est vrai que la France, qui n'a " pas de leçon à donner ", comme l'a d'ailleurs rappelé Sarkozy, a elle-même continué à perpétrer ces crimes légaux jusqu'en 1981, et qu'elle se garde bien d'émettre la moindre critique un peu vive contre son grand allié, les États-Unis, qui suit immédiatement la Chine dans ce tableau d'horreur.

Et pendant que l'actuel président français adressait diplomatiquement ses voeux de " succès au 17e congrès " du PCC (Parti Communiste Chinois) au pouvoir, Brice Hortefeux, comme ministre de l'Immigration, jouait sa partition en souhaitant voir venir en France plus d'étudiants chinois.

Tant qu'il ne s'agit pas de travailleurs étiquetés " sans papiers ", c'est peut-être sans danger pour eux...

Viviane LAFFONT

Polluez, il en restera toujours quelque chose

Lors de sa visite en Chine, Sarkozy n'a pas manqué de faire un couplet sur l'écologie. Il a mis l'augmentation de la pollution mondiale au compte du développement industriel chinois et a donc demandé aux dirigeants de ce pays de faire un " effort ".

Il est exact que la Chine rejettera cette année dans l'atmosphère autant de CO2 que les États-Unis, jusque-là champions incontestés. Mais il y a 1,3 milliard d'habitants en Chine et seulement 300 millions aux USA. Les Chinois polluent donc en moyenne quatre fois moins que les Américains et depuis bien moins longtemps.

De même les capitalistes chinois et leurs représentants politiques ont encore du chemin à faire pour rattraper leurs homologues occidentaux : cela fait vingt ans que ces derniers parlent de réduire la pollution et la seule mesure concrète qu'ils aient prise, c'est d'inventer des " droits à polluer " qui sont devenus de nouveaux objets de spéculation.

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