- Accueil
- Lutte ouvrière n°2056
- Peugeot Sochaux : Un ouvrier meurt écrasé sous une presse.
Dans les entreprises
Peugeot Sochaux : Un ouvrier meurt écrasé sous une presse.
Vendredi 21 décembre, la veille des congés, juste avant d'aller retrouver sa famille près d'Orléans, un ouvrier qui intervenait pour une opération de mise au point sous une presse est mort écrasé, après que celle-ci avait été actionnée par un conducteur d'installation.
Cet ouvrier, salarié d'une entreprise de prestation, travaillait comme metteur au point dans l'atelier d'emboutissage depuis environ un an. Les travailleurs sur la ligne, très choqués, ont été dirigés vers l'infirmerie et pris en charge par le service médical et les pompiers. La direction a fait cesser le travail à l'Emboutissage, les ouvriers de toutes les équipes de cet atelier ont quitté l'usine.
Cet accident n'est pas à proprement parler une surprise. Déjà la CGT, dans un tract au mois de novembre 2007, titrait " Insécurité chronique à l'Emboutissage " et dénonçait le cas d'un ouvrier conducteur d'installation de nuit qui avait eu la tête coincée entre deux bobines de tôle de vingt tonnes, et celui de cette ouvrière en VSD (travail du vendredi, samedi, dimanche) qui avait eu un bras coincé entre un outil de presse et le montant de l'installation.
Les presses à emboutir sont des machines particulièrement dangereuses par nature, le danger est augmenté par le transport des outils d'emboutissage et des bobines de tôle, le tout dans des surfaces toujours plus petites pour faire baisser les impôts.
La chasse aux gains de productivité est permanente, notamment sur les effectifs. La préparation des outils, qui se faisait avant à deux ou trois, se fait maintenant à un ou deux comme l'exige la direction. Les changements de convois doivent toujours battre des records de temps. Les conducteurs d'installations sont sélectionnés, dernièrement des " CI Leaders " ont été nommés, avec pour fonction d'exiger encore plus de leurs camarades de travail. La CGT relevait dans son tract que ces nouvelles fonctions allaient pourrir l'ambiance dans les équipes. La multiplication des ouvriers intervenants sur les lignes, l'utilisation massive d'ouvriers intérimaires ont abouti à des conditions de travail de plus en plus risquées. Il n'est pas rare que des ouvriers soient enfermés dans des lignes de presses, la seule parade proposée par la direction étant l'utilisation de mousquetons anti-enfermement peu efficaces. L'installation récente d'énormes panneaux d'affichages électroniques des performances de la ligne de presse sert surtout à mettre en condition les ouvriers pour de nouvelles performances de gains de productivité.
La police et l'inspection du travail font leur enquête. Il faudra attendre la reprise du travail, le 3 janvier prochain, pour exiger et imposer au patron des mesures de sécurité telles qu'un ouvrier ne puisse pas perdre sa vie au travail.