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- Lutte ouvrière n°2061
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Hôpital de la Pitié-Salpétrière : Le personnel en a assez de la flexibilité
À l'hôpital de la Pitié-Salpétrière à Paris, la dégradation des conditions de travail s'accélère.
Pour les soignants, il est de plus en plus difficile d'être remplacé. La direction refuse même de recourir à des intérimaires, comme elle le faisait auparavant. L'équipe de suppléance interne de l'hôpital, de son côté, ne peut pas faire face à l'ensemble des demandes. Du coup, certains cadres ne font même plus l'effort de demander des remplacements et imposent au personnel en poste de " boucher les trous ". Cela s'amplifie depuis la réorganisation en " pôles ", censés chercher la rentabilité maximum. En conséquence il faut souvent faire des week-ends supplémentaires, les repos de semaine sont souvent déplacés, voire coupés, les RTT repoussés, modifiés au dernier moment ou supprimés et les vacances deviennent un casse-tête sans fin. Pour l'équipe de suppléance, les missions sont sans arrêt changées. Lorsqu'au dernier moment, les services " ont trouvé une solution ", la mission est annulée et le personnel incité à prendre un jour de repos.
En parallèle, se développent de nouveaux horaires. Alors que le personnel apprécie les horaires fixes, l'alternance des horaires matin et après-midi devient la règle. Pour la direction, les horaires variables ont l'avantage de permettre de boucher les trous des plannings. Les cadres en usent et en abusent, changeant les horaires sans se gêner, à la dernière minute s'il vient à manquer quelqu'un. Il arrive même qu'elles changent l'horaire sans demander ni prévenir la personne. Elles veulent essayer de faire admettre que la vie privée n'existe pas et exigent de plus en plus d'avoir le numéro de téléphone des personnels pour pouvoir les joindre à tout moment.
L'autre aspect le plus visible est l'augmentation de la charge de travail, du fait de la diminution du personnel présent chaque jour auprès des patients.
Au fil de ces dernières années, certains postes comme les lingères, les " officières ", qui assuraient la distribution des repas, ont disparu. Elles manquent au quotidien dans les salles. Et la nouvelle précarisation des agents hospitaliers, qui sont engagés en CDD et presque jamais embauchés, engendre une pression supplémentaire.
Les soignants, qui se sentent pressés comme des citrons, en ont donc assez. Dans certains services, le personnel se bat pour imposer son propre chiffrage de l'effectif nécessaire, dénonce les méthodes musclées et sans-gêne de l'encadrement. Et en effet, seule la lutte de l'ensemble des salariés hospitaliers pourra mettre un coup d'arrêt à la dégradation des conditions de travail dans les hôpitaux.