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Israël - Guerre du Liban : Une enquête qui absout Olmert
La commission Winograd, mise en place sous l'égide du gouvernement israélien un mois après la fin de la guerre menée au Liban en été 2006, vient de rendre ses conclusions.
34 jours durant, l'armée israélienne avait bombardé le Liban et déployé ses troupes dans ce pays, y causant des destructions sans nombre et plus de 1 200 morts. Mais l'opération était vite apparue comme un échec. Le Hezbollah, qu'elle prétendait écraser, en était sorti renforcé et 160 soldats israéliens étaient morts pour rien. De plus, du strict point de vue militaire et logistique, de nombreux commentateurs, y compris des militaires ayant participé aux opérations, accusaient le gouvernement d'Olmert, le ministre de la Défense Peretz et l'état-major de légèreté, si ce n'est d'incompétence criminelle.
C'est pour répondre à ces accusations que le gouvernement avait demandé une enquête à une commission dirigée par l'ancien juge Winograd. Lors de ses conclusions intermédiaires publiées en avril, le ton avait été donné, avec une critique des moyens et des tactiques employés lors du déclenchement de la guerre, mais pas de cette guerre elle-même et encore moins, évidemment, de la politique d'Israël dans la région.
" Grand et grave ratage ", déplore la commission, la guerre contre le Liban, dont le prétexte était d'accélérer la libération des deux soldats israéliens détenus par le Hezbollah, " s'est achevée sans claire victoire militaire ". Nul besoin de réunir une commission pour le savoir. L'ancien juge Winograd et ses quatre collègues reprochent cependant au ministre de la Défense et à l'état-major certains aspects de la dernière offensive, engageant 25 000 soldats, à peine plus de deux jours avant la fin des combats, alors qu'un cessez-le-feu était prévu : " résultats limités " et " coûts douloureux ", puisqu'elle avait en quelques heures coûté la vie à 33 soldats israéliens. Mais la commission dédouane totalement le gouvernement d'avoir pris la décision, " pas erronée ", d'une offensive " inévitable ".
Ehoud Olmert ne s'est donc pas estimé directement mis en cause. Quant au ministre de la Défense, le travailliste Ehoud Barak, il se sent d'autant plus à l'aise qu'il n'était pas en poste à l'été 2006, son prédécesseur, Amir Peretz, ayant dû démissionner ainsi que le chef de l'état-major.
En fait, la commission d'enquête ne stigmatise que les erreurs militaires israéliennes. Mais les 1 200 morts libanais, des civils pour la plupart ? Mais les quarante morts et les centaines de blessés causés encore, après la fin de la guerre, par le largage, dans le Liban-Sud, de centaines de milliers de bombes à sous-munitions - sites, soit dit au passage, dont Israël refuse toujours de donner les coordonnées à la mission onusienne de déminage ? Et les bombardements massifs de maisons, de plantations, d'infrastructures, dont la population de la partie la plus pauvre du Liban peine à se relever ? Sur tout cela, le rapport ne dit mot.
Un silence qui encourage en fait les gouvernants israéliens à persévérer dans leur politique belliciste.