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Leur société
Lundi de Pentecôte : Même férié, le racket continue
Le gouvernement est finalement revenu sur la décision, prise en 2003 par le gouvernement Raffarin, de faire du lundi de Pentecôte une journée travaillée sous prétexte de solidarité avec les personnes âgées.
Profitant de l'émotion engendrée par la catastrophe liée à la canicule, Raffarin avait imposé une journée de travail gratuit aux salariés. Aujourd'hui ce lundi de Pentecôte redevient férié, mais le gouvernement n'a pas supprimé les sept heures de travail gratuit que tous les salariés sont censés donner pour financer la caisse de solidarité pour l'autonomie, mesure d'autant plus choquante qu'une journée de travail représente quelque 0,45 % de la masse salariale annuelle, mais que les patrons ne sont censés reverser à la caisse en question que la moitié de cette somme. Il s'agissait donc et il s'agit toujours d'un racket au détriment des travailleurs.
Quant à la solidarité avec les personnes âgées, handicapées, dépendantes, elle est aussi à sens unique car c'est encore une fois aux salariés et à eux seuls que le gouvernement demande de supporter le poids financier de cette future cinquième branche de la Sécurité sociale.
Bien que la dépendance, qu'elle soit liée à la vieillesse ou au handicap, ne touche pas que les salariés ou les assurés sociaux, c'est à eux et à eux seuls qu'on demande de payer. En réalité l'État a inventé un nouveau montage financier pour se dégager de ses responsabilités dans ce domaine et, pire, utiliser cette nouvelle caisse comme une caisse noire pour régler à sa place un certain nombre de factures.
En effet la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie est alimentée, non seulement par le produit de la journée de travail gratuit des salariés, environ 2 milliards d'euros, mais surtout par la branche maladie de la Sécurité sociale à hauteur de 12 milliards d'euros. Enfin un milliard d'euros provient de la CSG et quelques centaines de milliers d'euros de la Caisse vieillesse.
Ce budget d'un peu plus de 15 milliards d'euros en 2007 est censé verser à la place de l'État l'allocation personnalisée d'autonomie, l'APA, les aides individuelles aux handicapés. Elle doit assurer l'action médico-sociale de la Sécurité sociale, en particulier les remboursements de l'assurance-maladie pour les personnes âgées et les handicapés. Elle doit faire face aux dépenses de modernisation des maisons de retraite, d'installation d'équipements destinés à faciliter l'accès des personnes handicapées, dans les lieux publics par exemple, de formation du personnel des maisons de retraite et de l'aide à domicile aux personnes âgées, de la recherche dans le domaine de la perte d'autonomie, etc.
À peine inaugurée en 2005, cette nouvelle caisse a déjà fait l'objet de détournements de la part de l'État : elle a dû régler 400 millions de dettes de l'État concernant l'APA, financer la construction d'ascenseurs pour handicapés dans les ministères, que ceux-ci n'avaient pas voulu financer jusque-là, le recrutement d'éducateurs sportifs par plusieurs fédérations du sport adaptées aux handicapés...
Inutile de dire que les sommes véritablement allouées aux personnes âgées et handicapées dépendantes sont très très loin d'être à la hauteur des problèmes à résoudre pour offrir une certaine qualité de vie à ces personnes.
Les appels à la solidarité lancés dans les discours des gouvernants ne sont là que pour justifier les sacrifices demandés aux salariés, tout en jetant un voile sur le cynisme de ces mêmes gouvernants, qui non seulement se refusent à consacrer les moyens nécessaires à la santé de la population, mais vont jusqu'à piquer dans les caisses qui lui sont destinées.