Toray - Saint-Maurice-de-Beynost (Ain) : Il y a de l'argent pour les machines, pourquoi pas pour les salaires ?07/02/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/02/une2062.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Toray - Saint-Maurice-de-Beynost (Ain) : Il y a de l'argent pour les machines, pourquoi pas pour les salaires ?

Depuis le 17 janvier, les trois quarts des ouvriers postés de l'usine Toray, dans la banlieue lyonnaise, débrayent une heure et demie trois fois par jour pour leurs salaires. Ce sont les propositions dérisoires de la direction lors des négociations annuelles - 1 % d'augmentation en janvier et 1 % en juillet - qui ont déclenché le mouvement.

Après une semaine de débrayages, la direction passait à 2,6 % avec un mini à 40 euros. C'était loin du compte. Depuis, les grévistes, tous postés, réclament surtout une revalorisation de leur prime de rythme qui n'a pas bougé depuis des années. Car le système des 5x8 dans les ateliers est particulièrement pénible, pour la santé comme pour la vie de famille.

Après plus de deux semaines de mouvement, les arrêts successifs des lignes de production de film d'emballage alimentaire, conçues pour tourner 24 heures sur 24, commencent à avoir des conséquences sur les commandes et mettent les nerfs de la direction à cran.

Il serait pourtant simple d'y remédier en satisfaisant les revendications des grévistes. Toray en a largement les moyens. Ce groupe japonais, qui emploie 40 000 salariés dans le monde, vient d'annoncer 70 millions d'euros d'investissement dans un nouvel atelier de film métallisé (pour emballer les chips, snacks, etc.) à construire sur le site de l'usine. La direction a eu droit à la une du Progrès, le quotidien régional, pour rendre publique cette information en pleine grève.

Cet article, véritable publicité gratuite, donne le beau rôle à Toray. Il passe sous silence le chantage à l'emploi fait auprès des élus locaux sommés de participer aux investissements. Il tait aussi le chantage auprès des travailleurs de l'usine à qui la direction répétait depuis septembre que, s'ils n'acceptaient pas de renoncer à presque tous leurs acquis et leurs jours de RTT, le groupe irait investir en République tchèque plutôt qu'à Saint-Maurice.

Au fil des semaines et face à la colère des salariés, la direction avait dû revoir à la baisse ses exigences. Le chantage avait tout de même joué puisqu'une partie des travailleurs de l'usine avait accepté de revendre ses RTT après un référendum organisé par la direction en décembre. L'aveu, aujourd'hui dans la presse, que tout cela était du cinéma et que la direction avait choisi dès le départ le site de Saint-Maurice, produisant déjà du film d'emballage métallisé, a renforcé la détermination.

Du coup, lundi 4 février, un barbecue chaleureux aux portes de l'usine a rassemblé une bonne cinquantaine de grévistes, des différents ateliers et des différentes équipes, qui se retrouvaient ensemble pour la première fois. Tous semblent déterminés à ne pas lâcher avant d'avoir obtenu la hausse de leur prime et certains pensent aussi que, pour faire céder la direction, il faudrait que la grève passe un cran au-dessus, une idée qui doit encore faire son chemin.

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