Mardi 12 février une véritable rafle a été organisée contre le foyer d'immigrés de la rue des Terres-au-Curé dans le treizième arrondissement de Paris. Dès quatre heures du matin le quartier a été bouclé et, peu après 6 heures, le bâtiment a été envahi par près de 400 policiers. L'intervention policière n'a laissé aucune porte intacte, toutes ayant été défoncées à coups de bélier. Des habitants ont été molestés, mis à terre, leurs affaires renversées. 116 personnes ont été arrêtées.

L'intervention des forces de police a été justifiée par la nécessité de " lutter contre l'habitat indigne ". S'il est vrai que les foyers de travailleurs immigrés sont surpeuplés et à peine entretenus, l'opération policière ne visait pas à améliorer les conditions de logement de ses locataires. Elle s'est soldée par le placement en camp de rétention de dizaines de travailleurs sans papiers, tandis que les neuf personnes accusées un temps d'avoir organisé l'hébergement dans des conditions insalubres sont reparties libres, sans qu'aucune charge puisse être retenue contre elles.

En cette période électorale, le gouvernement affiche ostensiblement sa politique musclée contre les travailleurs immigrés. Le but à peine voilé est de rameuter l'électorat réactionnaire. D'ailleurs ce n'est pas par hasard que Fillon a annoncé un objectif d'expulsions de sans-papiers en hausse pour 2008, le faisant passer de 25 000 à 26 000.

Cette politique de chasse à l'homme est non seulement sans pitié, mais elle peut avoir des conséquences tragiques. Un jeune Kenyan de 19 ans s'est pendu dans sa chambre après avoir reçu le refus définitif de sa demande d'asile en France, pour ne pas être expulsé vers le Kenya, mis à feu et à sang depuis les élections truquées de décembre dernier.