Les travailleurs de la laiterie Leche Pascual de Montauban, dans le Tarn-et-Garonne, ont décidé l'arrêt du travail avec occupation de l'usine depuis le vendredi 21 février.

Cet établissement de 45 salariés fait partie du premier groupe agroalimentaire espagnol (4 000 salariés), qui dégage 1 milliard de chiffre d'affaires. Le site de Montauban existe depuis dix-huit ans, il collecte près de 110 millions de litres de lait dans le grand sud-ouest, plus de la moitié est transformée en " briques ". L'entreprise fonctionne en 3 x 8, la plupart des salariés gagnent un peu plus du smic après plus de dix ans d'ancienneté.

Le 21 février, la direction espagnole est venue informer l'ensemble des salariés que seule l'activité de pasteurisation serait conservée. La transformation en briques ou en concentré va être arrêtée et se solder par la suppression de 39 emplois sur les 45 actuels. Pour la direction, il faut réaliser des économies.

La décision de cette entreprise, dont la devise " la famille, la qualité et la santé sont nos raisons d'être " est d'autant plus provocante que la direction n'a cessé de répéter que le site obtenait les meilleurs chiffres du groupe. Et en renvoyant les discussions sur les conditions de licenciement au mois prochain, le mépris affiché de la direction du groupe a mis le feu aux poudres.

C'est le premier mouvement de grève dans cette entreprise. Par leur détermination, les salariés ont imposé à leur employeur de négocier les indemnités de licenciement : de quatre mois de salaire on est passé au double. Pour autant le compte n'y est pas, et face aux molles propositions de la direction, les salariés ont aussi imposé la présence des syndicats (CGT et FO) dans le cadre des négociations. C'est une première chez Leche Pascual, pour qui la présence de syndicats est inconcevable.

Les travailleurs se réunissent en assemblée générale au moins une fois par jour. Avec l'aide de la CGT et FO, un rassemblement a été organisé le 26 février avec plus de 100 personnes. L'ensemble des grévistes s'est adressé par voie de tract aux travailleurs de l'usine Sodiaal, une entreprise concurrente basée à Montauban. Samedi 1er mars, ils ont distribué gratuitement des briques de lait devant l'entreprise ; ils ont récolté 850 euros de soutien. Ces actions rencontrent un vif succès et popularisent le mouvement.

Après plus d'une semaine de grève, le moral est intact, les travailleurs de Leche Pascual sont déterminés à obtenir le maintien des emplois ou tout au moins des indemnités de licenciement correctes.