Depuis le mercredi 27 février, les officiers de la compagnie de ferries SeaFrance sont en grève, notamment pour la revalorisation de leurs salaires de 20 % sur trois ans. La grève ne touche que les 160 officiers des cinq ferries Calais-Douvres, et pas les marins, dont les salaires sont pourtant nettement inférieurs. Les officiers dénoncent aussi le manque de personnel, qui les empêche de prendre leurs congés : 9 000 jours sont à récupérer.

La direction de SeaFrance - filiale à 100 % de la SNCF - dit perdre plus de 300 000 euros par jour. Mais après dix jours de grève, elle n'a encore reculé que sur deux revendications qui ne lui coûtent rien directement, et surtout qui ne sont pas généralisables à l'ensemble des salariés : la possibilité de naviguer trois jours consécutifs et la suppression de l'obligation pour les officiers de résider à moins de deux heures de Calais.

Pour refuser l'augmentation des salaires, la direction avance qu'" il est illusoire de penser qu'on peut accorder à une seule catégorie de personnel une augmentation de 20 % sur trois ans, sans devoir l'accorder aux autres "... Eh bien, pourquoi ne pas l'accorder aussi aux autres ? Les finances de l'entreprise ne le permettraient pas, avance la direction. Cela reste à vérifier, car les affaires marchent bien : il y a quelques semaines, le président du directoire de la compagnie annonçait que 2007 a été " une belle année " et que le trafic avait augmenté de plus de 5 %. En 2006, le bénéfice après impôt s'élevait déjà à 7,9 millions d'euros et la compagnie vient de racheter à Veolia Transport un navire récent capable de remplacer deux de ses ferries.

Au vu des files de camions qui s'allongent aux entrées de Calais et du " chaos " engendré dans la région de Douvres, et qu'évoque le comté du Kent pour réclamer des compensations, il est évident que l'activité du personnel de SeaFrance est utile, contrairement à celle des actionnaires qui empochent les profits.

Les officiers de SeaFrance ont raison d'exiger de meilleurs salaires et, si l'ensemble du personnel des compagnies transmanche s'y mettait, les compagnies maritimes - et les gouvernements derrière elles - seraient bien obligées de faire des concessions, et bien plus rapidement.