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Leur société
Vers une réforme du Livret A ? Pour le profit des banques privées
La ministre de l'Économie, Christine Lagarde, veut réformer le livret A pour permettre aux banques privées de distribuer ce livret... et gérer l'argent qui y est déposé.
Environ 45 millions de personnes détiennent un livret A, que ce soit à la Banque postale ou à la Caisse d'épargne. La grande majorité des épargnants sont des personnes à petits revenus, qui placent ainsi les économies qu'elles ont réalisées en prévision de temps plus difficiles. Même si les sommes déposées sont souvent modestes, mises bout à bout, cela constitue un pactole que les banques aimeraient bien récupérer.
Mais toute la clientèle des possesseurs de livrets A n'intéresse pas les banques. En tout cas pas les 750 000 personnes qui l'utilisent uniquement comme un compte courant leur permettant de percevoir leurs revenus et d'effectuer des retraits ou des prélèvements, car les sommes déposées sont bien faibles et elles n'y restent pas longtemps. Alors, le gouvernement envisage de faire un cadeau aux banquiers en créant un nouveau livret A : ce serait un " pur produit d'épargne ", c'est-à-dire un livret ne permettant pas d'effectuer les opérations bancaires courantes, ce qui exclurait automatiquement les personnes ayant un revenu trop faible pour pouvoir épargner. Pour ces dernières, seule la Banque postale, en échange d'une rémunération, leur fournirait un livret sur le modèle de l'ancien afin qu'elles puissent continuer à avoir accès gratuitement aux services bancaires de base.
Autre cadeau pour les banques privées : s'il est prévu qu'elles versent à l'État 0,4 % des sommes collectées, elles auraient en contrepartie la possibilité d'en garder une partie pour alimenter leurs fonds, alors que l'épargne déposée actuellement sur le livret A, d'un montant de 130 milliards d'euros, est reversée à la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) qui l'utilise, pour une bonne part, à financer le logement social.
Cette réforme prévue du livret A s'en prend donc à des besoins sociaux primordiaux, comme le logement et aussi la possibilité pour les personnes à faibles revenus d'effectuer gratuitement des opérations bancaires, qui plus est sur un compte rémunéré, même s'il l'est faiblement. Et cela pour le plus grand profit des banques privées, qui pourront se permettre de jouer à la roulette de la Bourse avec l'argent difficilement gagné par les petites gens.