La Commission des finances de l'Assemblée nationale, présidée par le socialiste Didier Migaud, constate dans un rapport que la détaxation des heures supplémentaires mise en place par Sarkozy coûterait plus cher à l'État (4,1 milliards d'euros) qu'elle ne rapporterait aux salariés (3,78 milliards).

Les calculs de cette commission établissent que les heures supplémentaires, contrairement aux déclarations triomphalistes de Christine Lagarde, n'ont pas augmenté d'une année sur l'autre. Cela signifie que les patrons, qui sont seuls à pouvoir proposer des heures supplémentaires, n'ont pas profité massivement de la détaxation qui leur était offerte, parce que par ailleurs rien ne les poussait à faire travailler plus. Les milliards de l'État n'ont donc pas été efficaces économiquement, mais ils ont servi à détaxer des heures supplémentaires que les patrons auraient de toute façon proposées. Ce serait donc, au mieux, une mesure sans effet sur l'économie, et surtout sans effet, globalement, sur le pouvoir d'achat des salariés, sans grand effet même sur ceux qui font des heures supplémentaires, puisqu'un smicard qui effectuait quatre heures supplémentaires par mois touche maintenant, avec cette nouvelle loi, entre 11 et 15 euros net mensuels de plus selon la nature de l'entreprise.

Le gouvernement reproche à ces calculs qui le dérangent de n'être que des " extrapolations " sur des données qui ne couvrent que quelques mois. Mais les annonces du gouvernement sur les merveilles qu'allait donner cette détaxation des heures supplémentaires, n'étaient-elles pas des extrapolations bien moins fondées et à partir de rien, si ce n'est le besoin d'alimenter la propagande de Sarkozy ?

L'amélioration du pouvoir d'achat des salariés ne peut pas venir de ces heures supplémentaires, mais seulement d'une hausse des salaires, une hausse de tous les salaires qu'il faudra imposer par la lutte. Ce n'est certes pas la conclusion que Didier Migaud tire de son constat, mais c'est celle que les travailleurs peuvent en tirer.