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- Lutte ouvrière n°2080
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Editorial
17 juin : Saisir toutes les occasions pour dire que les salariés en ont assez !
Chaque fois qu'on fait son plein de carburant, chaque fois qu'on se rend dans un supermarché pour acheter la nourriture de la semaine, on constate l'emballement des prix. Leur envolée brutale repose la question des salaires pour tous les salariés.
Que signifient les 1 ou 2 % d'augmentation octroyés par les entreprises dans l'année, lorsque le prix du gazole à la pompe a augmenté de 26 % rien que les six derniers mois ? Les pâtes, le riz, les produits laitiers ou les légumes ont augmenté de 10 à 30 %, sans même parler des loyers !
Quelles que soient sa profession ou sa catégorie, pour chaque salarié l'augmentation du salaire devient une nécessité vitale. Et face à l'inflation, il est nécessaire de garantir le pouvoir d'achat par une indexation automatique des salaires, non pas sur des indices bricolés, mais sur la hausse réelle des prix. Et cette exigence s'ajoute à bien d'autres visant à faire reculer le gouvernement sur ses attaques contre la durée du travail, la retraite ou les franchises médicales.
Les catégories professionnelles qui, frappées par la hausse du prix du carburant, se mobilisent, ont choisi le seul moyen pour se faire entendre. Il s'agit cependant de professions, comme les transporteurs par exemple, où ce sont les petits patrons menacés de faillite qui donnent le ton. Leur objectif est seulement d'obtenir une exception pour leur profession en invoquant le fait que le carburant leur est indispensable.
Les salariés ont autant de raisons de se défendre et de défendre leur pouvoir d'achat miné par les hausses de prix, sans parler du fait que pour beaucoup d'entre eux la voiture est indispensable pour se rendre au travail. Leur ennemi direct est le grand patronat, doublement responsable : en tant que décideur des hausses de prix et, surtout, en tant que responsable des salaires insuffisants.
Les confédérations syndicales sont en retard par rapport aux nécessités. Personne ne peut leur demander de mobiliser le monde du travail d'un claquement de doigts. Mais la contre-offensive, aussi indispensable pour stopper la baisse du pouvoir d'achat que pour repousser les attaques du gouvernement et du patronat, demande une politique orientée dans cette direction et une préparation méthodique. Nous subissons tous les mêmes coups, nos exigences fondamentales sont les mêmes et notre intérêt est d'unir nos forces ! Alors pourquoi disperser les salariés, pourquoi des journées d'actions séparées et pourquoi autour de revendications catégorielles ?
Cette semaine, une partie des syndicats de la SNCF ont appelé à la grève pour demander de « véritables négociations sur le fret ». Les salariés de la Fonction publique étaient, de leur côté, conviés à protester contre la loi dite « sur la mobilité de la Fonction publique » dont on sait qu'elle vise à réduire les effectifs. Sans parler des autres professions où des journées spécifiques ont lieu ou restent planifiées, mais à des jours différents.
La semaine prochaine, le 17 juin, la CFDT et la CGT appellent enfin à une journée nationale. Les deux centrales ont réagi à cette véritable provocation du gouvernement qui vise à vider la loi des 35 heures de toute signification en offrant aux patrons la possibilité de transformer le contrat de travail de leurs salariés en un contrat basé sur un forfait horaire mensuel ou annuel. Si ce projet entre en application, il n'y aura pratiquement plus d'horaire de travail légal, et les patrons pourront décider des horaires de leurs entreprises comme ils veulent. Pendant que Sarkozy déblatère sur le thème « travailler plus pour gagner plus » et vante les heures supplémentaires, si le projet passe, le patron pourra imposer des heures supplémentaires sans même avoir à les payer comme telles !
Les deux centrales syndicales ont réagi, car ce projet était annoncé sans même tenir compte des négociations où elles avaient pourtant accepté d'importantes concessions ! Mais, quelles que soient les raisons d'agir des syndicats et leurs arrière-pensées, il faut que la journée du 17 juin soit largement suivie. Il faut que le patronat et le gouvernement constatent qu'ils n'ont pas seulement affaire à des centrales surtout préoccupées de négocier, mais aux travailleurs eux-mêmes, dont la colère finira par exploser !