Conférence nationale du handicap : Les promesses de Sarkozy11/06/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/06/une2080.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Conférence nationale du handicap : Les promesses de Sarkozy

Mardi 10 juin, à la « conférence nationale du handicap », Sarkozy a dénoncé, la main sur le coeur, la situation des handicapés : « Actuellement il y a 15 000 enfants et 12 000 adultes sur des listes d'attente », « des familles sont obligées d'aller chercher des places d'accueil en Belgique. C'est un scandale ! » Et, pour y remédier, il a annoncé la création de 50 000 places nouvelles d'ici cinq ans et le déblocage de trois milliards d'euros d'ici 2012.

Mais pour les associations de handicapés, ces fortes paroles rappellent les déclarations d'un Chirac présentant la loi Handicap en 2005 et appelant « à la mobilisation tout entière de la société » pour «<|>un des grands chantiers du quinquennat », alors que, dans les faits, peu de choses ont changé depuis.

La loi de 2005 faisait obligation aux écoles d'inscrire les enfants handicapés, mais elles ne peuvent toujours pas les accueillir, faute de bâtiments accessibles ou d'auxiliaires de vie scolaire-individuel (AVS-I) assez nombreux. Et ce ne sont pas les 2 700 postes annoncés par Xavier Darcos pour la rentrée 2008 qui le permettront.

En matière de ressources, c'est encore pire. Le journal Le Monde donne le chiffre de 1,3 million de handicapés vivant, si on peut dire, avec un minimum invalidité ou une allocation adulte handicapé (AAH) de 628,10 euros par mois. Mardi 10 juin, Sarkozy a rappelé sa promesse électorale d'augmenter ce minimum de 25 % en cinq ans, ce qui ne ferait jamais que... 785 euros en 2012, soit encore moins que le seuil de pauvreté actuel qui est de 817 euros. Quant à la demande des associations de handicapés d'un « revenu minimum d'existence » d'un montant égal à un smic brut, si Sarkozy n'en a pas dit un mot, sa secrétaire d'État à la Solidarité a estimé qu'il « ne serait pas un service rendu à l'ensemble des personnes handicapées »...

De plus Sarkozy a estimé que l'AAH était parfois « attribuée de manière arbitraire » et que seuls devaient en profiter en « priorité » ceux qui sont « incapables de travailler sans mettre en danger leur santé ». Il voudrait diminuer le nombre d'allocataires qu'il ne s'y prendrait pas autrement !

Enfin, en matière d'emploi non plus la situation n'a guère évolué depuis 2005. Alors que le taux de chômage des handicapés est de 17 % (275 000 personnes), la loi de 1987 censée contraindre les entreprises de plus de 20 salariés à embaucher au moins 6 % de travailleurs handicapés n'est toujours pas appliquée. Sarkozy propose bien d'augmenter les pénalités prévues, mais il n'envisage pas de donner l'exemple en embauchant dans les services de l'État, alors que la proportion de handicapés n'y est que de 3,1 %.

Mardi 10 juin, la main sur le coeur, Sarkozy déclarait : « Le handicap est bien pour moi une priorité », mais pour lui il y a manifestement une différence entre priorité et urgence.

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