Lors d'une nouvelle manifestation, vendredi 6 juin à Redeyef, ville de la région minière de Gafsa, dans le Sud-Ouest tunisien, la police a ouvert le feu, faisant un mort et plusieurs blessés.

Depuis début janvier, le mécontentement de la population s'exprime notamment par de fréquentes manifestations, dans cette région où le chômage (nettement supérieur à la moyenne nationale officielle, en 2007, de 14,1 % de la population active) atteint parfois 40 %. La Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG), seul gros employeur de la région, a été accusée, par les jeunes chômeurs qui se sont présentés au concours de recrutement ouvert par l'entreprise, d'avoir manipulé les résultats et distribué les emplois par favoritisme à des proches de la direction.

La situation générale de la population et la dégradation récente de ses conditions de vie alimentent le fort mécontentement, les sit-in et les manifestations.

Précédemment, un jeune chômeur avait été électrocuté lors d'une de ces manifestations. Cette fois, le manifestant atteint dans le dos par les balles de la police venait d'être recruté par la CPG. Selon un responsable syndical, 22 autres manifestants auraient été blessés.

« Cet incident est regrettable », a déclaré le lendemain le ministre tunisien de la Justice et des... Droits de l'homme, tandis qu'une nouvelle manifestation se déroulait dans la région de Gafsa. Mais, quels que soient les « regrets » du gouvernement, rien n'est fait pour répondre à la colère de la population - en butte non seulement au chômage mais aussi à une inflation sans précédent dans le pays - si ce n'est faire quadriller les villes de la région par les forces de répression, qui ont visiblement toute latitude pour tirer.