La répression de la flambée de colère populaire survenue le 7 juin dernier à Sidi Ifni, ville du sud-ouest marocain, aurait officiellement fait une cinquantaine de blessés. Le bilan serait beaucoup plus grave, selon l'antenne locale du Centre marocain des droits de l'homme, des disparitions de manifestants auraient été signalées, et les rues et les cités sont, depuis, sévèrement quadrillées par les forces de police.

Dans cette région ravagée par le chômage, l'étincelle qui avait mis le feu aux poudres fut le tirage au sort organisé pour embaucher... huit personnes dans les services de nettoyage de la municipalité. Des centaines de manifestants, de chômeurs, avaient occupé le port, rappelant au passage qu'une usine de traitement du poisson est promise depuis longtemps par les autorités. La répression a été brutale et prolongée, les maisons fouillées, leurs occupants brutalisés, les manifestants poursuivis jusque dans les montagnes avoisinantes. Depuis, les camions de police et les uniformes stationnent dans la ville, au point que plusieurs rassemblements de manifestants auraient appelé à la " démilitarisation " de leur ville assiégée, et les enseignants auraient protesté contre l'utilisation des écoles pour loger les nombreuses forces d'intervention. Le 12 juin, malgré les pressions des autorités, les commerçants, soutenus par la population, ont baissé leur rideau, tandis qu'une manifestation se déroulait contre les violences et les arrestations. Des centaines de personnes, vêtues de noir, auraient également manifesté à la cité Boulaalam.

Les autorités et le gouvernement, non contents de continuer la répression contre la population de Sidi Ifni, ont immédiatement entamé des poursuites contre des journalistes de la chaîne qatarie Al Jazeera qui a dénoncé les faits et annoncé la mort de plusieurs manifestants.