Prisons : Une surpopulation explosive18/06/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/06/une2081.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Prisons : Une surpopulation explosive

On s'attendait à une surpopulation des prisons qui dépasse le record de 2004 : c'est fait ! Et même pire. Avec 63 838 détenus au 1er juin pour 50 746 places, les prisons françaises battent tous les records depuis la fin de la guerre. Avec un taux de densité carcérale de 125 %, alors que la moyenne est de 102 % dans les 47 États membres du Conseil de l'Europe, la France est à l'avant-dernière place, juste avant la Bulgarie et ses 159,5 %.

Un détenu de la maison d'arrêt d'Osny dans le Val-d'Oise, qui n'est pas la pire des prisons françaises mais qui atteint un taux de surpopulation de 138 %, déclarait récemment à France-Info : " On est ni plus ni moins que du bétail élevé en batterie ". Et le directeur de la prison confirmait que, malgré l'existence d'une infirmerie et la présence de personnel médical, sauf en cas d'urgence, il faut attendre plusieurs jours, voire même une semaine, un rendez-vous avec le médecin.

La politique du gouvernement Sarkozy est en train de donner le coup de grâce à un système depuis longtemps délabré : une législation de plus en plus répressive, une lenteur de l'appareil judiciaire, qui va s'accroître avec la fermeture de tribunaux, ne peuvent qu'aggraver la situation. Et malgré une campagne sécuritaire focalisée sur les dangereux récidivistes, qui vise à flatter l'électorat réactionnaire, ce sont les détenus non encore jugés et les condamnés à de courtes peines qui se trouvent dans la situation la plus critique : celle des maisons d'arrêt.

Le projet de loi pénitentiaire de Rachida Dati n'y changera rien. On y trouve quelques mesures censées diminuer la surpopulation carcérale, telles que l'assignation à résidence avec l'usage du bracelet électronique pour remplacer la détention provisoire et une partie des courtes peines. Mais pour assurer le suivi de ces assignés à résidence, il n'est prévu aucun moyen supplémentaire ; les travailleurs sociaux pénitentiaires, les conseillers d'insertion et de probation, croulent déjà sous le travail. En revanche ce qui va prendre effet sans problème - et pour cause - c'est le report de l'encellulement individuel : prévu pour 2003, puis pour le 15 juin 2008, il est repoussé à... 2013. Le prisonnier en détention provisoire pourra faire une demande de cellule individuelle... et continuer à survivre dans 9 m² avec un ou deux codétenus, en attendant la réponse.

Après les mesures répressives, ce projet devait mettre en oeuvre le " respect de la dignité " des détenus : il ne leur donne même pas le droit minimum de vivre autrement que dans la promiscuité et la violence.

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