D'après le nouveau projet militaire, l'armée de terre doit être capable de déployer 30 000 hommes très rapidement sur un " théâtre extérieur ", tout en gardant 10 000 soldats sur le pied de guerre en France pour répondre à une " crise majeure ".

Manifestement l'État n'envisage plus depuis longtemps que le territoire soit envahi par des " féroces soldats qui viennent ", etc. D'ailleurs 10 000 fantassins c'est insuffisant pour ramasser les poubelles en cas de grève générale comme en Mai 68. Alors à quoi peuvent-ils servir d'autre qu'à aider la police ?

L'emploi des 30 000 soldats à l'extérieur est moins mystérieux. Demain comme aujourd'hui ils iront au Tchad, en Côte-d'Ivoire ou ailleurs, soutenir les dictatures amies de l'État et des patrons français. Simplement, avec le nouveau programme, ils seront mieux armés et mieux équipés et pourront assassiner avec moins de risques encore des " rebelles " mal armés ou des populations désarmées. L'armée va par exemple être dotée d'un véhicule blindé de transport de troupes, capable de traverser sans dommage une ville " hostile ", à l'exemple de ceux qui équipent l'armée américaine en Irak et dont l'efficacité reste encore à prouver.

L'armée de l'air est également utilisée contre les " rebellions ", en Afghanistan et en Côte-d'Ivoire notamment. Mais les 300 chasseurs qu'elle entretient, quand ils ne restent pas au sol, servent surtout de représentants de commerce pour leur fabricant, Dassault. Pour l'instant seule la France en a acheté, mais sait-on jamais...

La marine, qui s'est récemment illustrée contre les pirates de la mer Rouge, porte plus particulièrement les intérêts du groupe Thales, spécialiste des radars et autres systèmes électroniques et récent acquéreur d'un gros morceau des chantiers de construction navale militaire.

Les blindés sont un peu délaissés. Pourtant la diplomatie française avait tout fait pour que le contingent français engagé pour " sécuriser " le Liban soit doté de chars Leclerc. Il fallait en effet faire une démonstration de ses capacités, car bien peu d'armées en ont acheté à ce jour.

Bref, comme toute entreprise capitaliste un peu à la mode, l'armée se resserre sur son coeur de métier : faire régner l'ordre dans les ex-colonies et remplir les caisses des marchands de canons.