Eider - Bellegarde (Ain) : Lafuma peut et doit payer30/07/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/08/une2087.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Eider - Bellegarde (Ain) : Lafuma peut et doit payer

Vendredi 25 juillet une bonne quarantaine de salariés de l'usine de vêtements de montagne Eider de Bellegarde, essentiellement des femmes, sont venus manifester dans le centre commerçant d'Annecy et devant la Préfecture de Haute-Savoie, où un chef de cabinet du préfet a reçu une délégation.

Accueillie par des militants de l'union locale de la CGT, leur manifestation a été remarquée, tant par les touristes, plus ou moins montagnards, que par les télévisions locales. Elle a aussi été très entendue grâce aux tamtams bien sonores et aux slogans déterminés des manifestantes.

Elles ne veulent pas se laisser licencier en silence, avec des indemnités dérisoires, par le groupe Lafuma qui vient de racheter l'usine Eider pour la fermer aussitôt. C'est pourquoi elles voulaient faire une publicité d'un nouveau genre à ce groupe qui prétend promouvoir la liberté et une certaine éthique...

Lafuma est un groupe largement bénéficiaire qui n'a racheté Eider que pour la marque et son réseau de clients. Il prévoit le licenciement de 47 salariés et propose un reclassement à Annecy pour les 40 restants. La majorité ne veut pas de ce reclassement car Annecy est à plus de 35 kilomètres de l'usine actuelle, par des routes très encombrées, et surtout il n'y a aucune garantie sérieuse quant à l'avenir de ces postes. La plupart des salariés vivent à proximité, dans le bassin de Bellegarde, et refusent bien légitimement une telle dégradation de leurs conditions de vie. En outre, Lafuma ne proposait au départ qu'une prime de déplacement de 130 euros par mois, bien loin de couvrir les frais en cette période de flambée du prix des carburants.

Comble du cynisme, Lafuma, via la direction de Eider, exige des salariés, avant la fermeture de l'usine, la fabrication et la livraison dans les délais de la collection d'hiver !

Du coup, toute une partie des salariés, surtout des femmes, a décidé de ne pas céder à la résignation et au fatalisme du début et d'organiser la riposte. Elles ont sollicité les élus locaux pour qu'ils financent un bus et recherché le soutien des militants de la région malgré la période des congés d'été. Pour beaucoup, c'était la première lutte et la découverte de la solidarité.

Si personne ne croit pouvoir empêcher la fermeture de l'usine, les travailleuses de chez Eider exigent que Lafuma augmente les primes de licenciement : il ne proposait au départ que 1 000 euros d'indemnité en plus des obligations légales par tranche de cinq ans d'ancienneté ! Elles réclament aussi que Lafuma propose des conditions bien plus correctes à celles qui accepteront d'aller travailler sur Annecy. C'est pourquoi elles ont barré la porte de l'usine lors de la visite du directeur, puis organisé la manifestation réussie à Annecy.

Lafuma n'a visiblement pas aimé ce genre de publicité puisque, lors d'une nouvelle réunion le 28 juillet, sa direction a accepté de revoir en partie sa copie. D'ores et déjà, elle a amélioré les conditions de reclassement et de déplacement à Annecy. Aux dernières nouvelles, les discussions se poursuivaient sur une amélioration des indemnités de licenciements. En tout cas, les salariées de Eider ont déjà défendu leur dignité et empêché que la fermeture en plein été de l'usine, qu'elles ont fait vivre pendant des décennies, se déroule dans la discrétion et le silence recherchés par Lafuma.

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