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- Lutte ouvrière n°2089
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Centre de distribution Angers Saint-Serge (Maine-et-Loire) : La "réorganisation" ne passe pas
Le centre de distribution Saint-Serge, à Angers, regroupe 120 salariés, dont une centaine de facteurs. Il gère la distribution du courrier sur la moitié de la ville, l'autre moitié dépendant du centre de distribution dit " Bamako ".
Depuis quelques mois, la DOTC (la direction régionale du courrier) a décidé que nous devions passer " Facteurs d'Avenir ", appellation ronflante pour désigner une de ces restructurations que La Poste multiplie depuis des années, afin de rendre l'entreprise plus rentable - et donc privatisable.
Après avoir fait procéder au chronométrage de chacune des tournées, après avoir effectué une analyse - paraît-il fort poussée - de notre activité, la direction du centre de distribution Saint-Serge a finalement accouché d'un plan de réorganisation, qui ne nous plaît pas du tout.
Au lieu d'avoir un samedi de repos toutes les cinq semaines, on passerait à toutes les six semaines. Dix emplois seraient supprimés : cinq à la distribution du courrier et cinq aux services dits " arrières " (traitement des recommandés, guichets professionnels, manutention...). Le nombre de remplaçants serait considérablement diminué, afin que chaque jour la tournée des absents (en congés, RTT ou maladie) soit partagée entre les présents. On comprend que ce système (" la marguerite ") ait les faveurs de nos dirigeants, puisqu'il leur permet de faire des économies sur la masse salariale et de nous faire faire des tournées à rallonge.
Mais c'est justement cette crainte de voir les tournées s'allonger qui a débouché sur un début de mobilisation. En effet, si la direction se vante de faire baisser le temps de travail de 39 h 22 à 38 h 11 par semaine, chacun sait bien qu'entre les chiffres annoncés sur le papier et le temps passé réellement à trier puis à distribuer le courrier chaque jour, il peut y avoir une grosse marge.
Quand le projet de réorganisation a été connu, les discussions ont commencé pour envisager ensemble comment s'opposer à la mise en place de " Facteurs d'Avenir ". À trois reprises, des assemblées générales ont eu lieu avant de partir en tournée, regroupant entre un tiers et les trois quarts des présents. L'une d'entre elles a même fini par une petite visite dans le bureau du directeur, très surpris de se faire apostropher par 25 facteurs mécontents de ses plans et ne mâchant pas leurs mots.
Quand la direction, fin juin, a demandé au personnel de voter sur la réorganisation des congés et donc de choisir entre deux scénarios possibles (celui décrit plus haut et un autre encore pire !), elle a essuyé un flop retentissant : seule une petite vingtaine de travailleurs ont participé au vote, la grosse majorité d'entre nous ayant décidé en assemblée que le boycott était le seul choix possible - d'autant plus que bien des collègues étaient déjà partis en vacances.
Avec un sens aigu de la démocratie, la direction a donc décidé d'organiser un nouveau vote, sur la même question et avec les mêmes propositions ! Pour nous préparer à " bien voter ", elle nous a mis ses chefs sur le dos toute la semaine. Et nous avons eu droit à une campagne d'intoxication où tous les arguments sont passés, le principal étant que, si nous ne votions pas pour le scénario le moins mauvais et si les syndicats se refusaient à le signer, nous écoperions du pire du pire.
Qu'à cela ne tienne, la direction n'a pas fait voter beaucoup plus de monde la deuxième fois que la première et elle n'a pas obtenu le blanc-seing qu'elle espérait avant l'été.
Bien sûr, rien n'est réglé. Quand le détail des nouvelles tournées et de la réorganisation des services arrières va être annoncé, en septembre, il va nous falloir réagir de nouveau tous ensemble. De ce point de vue, l'expérience des assemblées générales, qui a constitué pour la plupart une première et un encouragement, sera très certainement à renouveler !