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Dans les entreprises
Renault Sandouville : Sarkozy renonce à rencontrer les ouvriers en colère
Lundi 6 octobre, Sarkozy s'est rendu à l'usine de Renault à Sandouville, près du Havre, accompagné du PDG de l'entreprise, Carlos Ghosn, ce même Ghosn qui avait annoncé le 24 juillet, à la veille des vacances, la suppression de près de 6 000 emplois en Europe dont 1 000 justement dans cette usine.
Ghosn expliquait même que cela était nécessaire pour augmenter les bénéfices de l'entreprise ; bénéfices qui par ailleurs se portent bien puisque pour le premier trimestre 2008, ils se sont montés à près de 1,5 milliard d'euros.
Il n'empêche que pour Ghosn il faut « réduire la voilure », c'est-à-dire supprimer des milliers d'emplois. Mais pas question pour lui de revenir sur les hausses de dividende promises aux actionnaires car, a-t-il dit, ce serait « revenir sur notre politique actuelle, ce serait détruire la confiance ». Il parlait bien sûr de la confiance des actionnaires dans le fait qu'ils continueront à bien profiter. Des autres, en particulier des ouvriers, Ghosn s'en moque.
Toute cette politique, hautement affichée, a conduit à ce que les travailleurs de Renault Sandouville mais également tous les sous-traitants qui travaillent sur le site soient mis au chômage technique une semaine sur deux, et cela au moins jusqu'à la fin de l'année. Ils perdront en moyenne près de 400 euros par mois.
La colère est donc grande dans l'usine. Il y a deux semaines, plusieurs centaines de travailleurs s'étaient déjà mis en grève pour exiger la suspension des suppressions de postes et le paiement à 100 % des jours chômés.
Pour la visite de Sarkozy et de son compère Ghosn, il avait été initialement prévu un tour dans les ateliers de l'usine et une rencontre avec des ouvriers au travail puis, pour couronner le tout un discours devait être prononcé devant 400 ouvriers, préalablement sélectionnés tout de même, à qui Sarkozy disait envoyer son message fort : « L'automobile, ce n'est pas fini. » La formule pouvait paraître ferme mais son contenu restait inquiétant : l'usine de Sandouville devrait produire un nouveau véhicule utilitaire... mais pas avant 2012 !
C'était là une façon de confirmer les suppressions de postes, les licenciements, qui à Sandouville et au-delà touchent toute la région. Avec des gens incapables de prévoir la marche de l'économie à quelques semaines, les croire sur de prétendus objectifs à quatre ans avait de quoi laisser perplexes les travailleurs.
Alors, rien d'étonnant à ce que la journée de Sarkozy ne se soit pas déroulée tout à fait comme prévu. À l'appel de la CGT, 800 ouvriers de l'usine se sont mis en grève. Plus de 200 autres travailleurs d'entreprises sous-traitantes travaillant sur le même site, telle que Faurécia, Plastic Omnium, Lear, ou des salariés d'autres entreprises de la région comme Renault Cléon, près de Rouen, la Fonderie de Normandie, etc. étaient venus soutenir ceux de Sandouville. Ensemble, ils attendaient un Sarkozy qu'il a été impossible de dénicher.
Le visiteur-président a par la suite expliqué lui-même son changement de programme : « J'aurai bien voulu les rencontrer, mais comme il y avait un mot d'ordre de grève, c'est difficile de rencontrer les salariés quand ils font grève. » Sarkozy avait peut-être en mémoire la douloureuse visite qu'il avait effectuée aux ateliers de maintenance du TGV-Nord, où il avait dû faire face à la colère des cheminots en grève contre la réforme des retraites qu'on voulait leur imposer. Toujours est-il que cette fois-ci Sarkozy n'a pris aucun risque. Sa visite s'est finalement résumée à un rapide tour de table avec des dirigeants syndicaux... à huis clos !
N'est-ce pas ce même Sarkozy qui, il y a quelques semaines encore, disait que les grèves passent désormais complètement inaperçues ?