Faillites bancaires et pillage des fonds publics valent bien une coupe16/10/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/10/une2098.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Faillites bancaires et pillage des fonds publics valent bien une coupe

Lorsque la banque Fortis a frôlé la faillite, des fonds publics sont venus à son secours, ce qui a aguiché BNP-Paribas qui l'a rachetée. Il fallait bien se remettre de toutes ces émotions et, pour cela, Fortis a invité 50 personnes dans l'un des restaurants les plus chers de Monaco, à environ 300 euros le repas, sans compter un caviar à 480 euros les 50 grammes, une sélection de vins parmi 250 000 bouteilles dont certaines parmi les plus chères du marché et une chambre à l'hôtel attenant pour 1 500 euros. Avec les billets d'avion et autres frais de voyage, cette petite réjouissance destinée à des membres de la direction de Fortis et à des courtiers qui placent des assurances aura coûté 150 000 euros.

La veille, le groupe bancaire Dexia avait organisé, lui aussi, " un événement culinaire " avec menu à six plats dans un restaurant appartenant au même hôtel, pour un coût probablement encore supérieur. C'était quelques heures après l'annonce d'un deuxième plan de sauvetage de la banque par les fonds publics de Belgique, de France et du Luxembourg. La fête était destinée à célébrer la naissance d'une filiale monégasque de Dexia Private Banking, branche spécialisée dans la gestion de fortunes.

Ce manque de pudeur fait penser au " séminaire " organisé à la mi-septembre par la compagnie d'assurances nord-américaine AIG dans un hôtel de luxe californien pour 440 000 dollars (322 000 euros) une semaine seulement après avoir été renflouée par les autorités des États-Unis. Mis à part peut-être l'importance des bains bouillonnants, facturés à 23 380 dollars pour la fête d'AIG, les moeurs semblent en effet tout à fait comparables. Les véritables " assistés " ne sont pas les chômeurs, les érémistes, les travailleurs malades qui touchent les indemnités journalières de la Sécurité sociale, mais bien ces capitalistes qui engrangent des milliards d'euros ou de dollars quand les affaires vont bien et qui, dès que cela tourne mal, trouvent des États à leur dévotion.

Ces gens-là n'ont nul besoin de bons alimentaires pour passer à la caisse d'un magasin hard-discount. Avec les fonds publics qui leur tombent tout rôtis, ils peuvent continuer à se pâmer dans le luxe tandis que des millions de gens à travers la planète sont victimes de la vie chère et du chômage.

Mais ce n'est pas toujours une fatalité. En 1789 par exemple, le peuple en avait eu assez de payer pour les fastueuses dépenses de Cour de Versailles et la révolution avait fini par confisquer les biens de la noblesse. On comprend pourquoi un de ces restaurants de luxe de Monaco a préféré s'appeler " Le Louis XV ". S'il avait pris le nom de son successeur, cela aurait pu couper l'appétit de quelques-uns.

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