PSA Citroën - Aulnay-sous-Bois (93) : En colère contre les augmentations de charge de travail22/10/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/10/une2099.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

PSA Citroën - Aulnay-sous-Bois (93) : En colère contre les augmentations de charge de travail

À l'usine Citroën d'Aulnay, qui produit les voitures C2 et C3, plusieurs débrayages ont eu lieu récemment, dont un, mercredi 15 octobre, a entraîné plus de la moitié des ouvriers de l'équipe de nuit. Les ouvriers ont débrayé pour défendre des camarades menacés de sanction et protester contre les nouvelles augmentations de cadences ou de charges de travail que la direction veut imposer.

Depuis plus d'un an, les réorganisations de la production se multiplient pour faire produire les voitures par toujours moins d'ouvriers et dans toujours moins d'espace (ce que les patrons appellent le « compactage »). En juin 2007, une nouvelle répartition s'était traduite par une augmentation de 21 voitures par équipe, quasiment sans augmentation des effectifs. Puis, en février de cette année, cela a été 14 voitures en plus par équipe. En juin, c'était le passage au « monoflux », c'est-à-dire la fermeture d'une des deux lignes de montage et le report d'une partie de la production sur l'autre ligne. Non seulement cela a aggravé la charge de travail mais cela a désorganisé la production : pannes, centaines de voitures à retoucher... pour les ouvriers. Cela s'est traduit par des postes surchargés, des heures supplémentaires en pagaille et des samedis travaillés.

Le dernier changement en date est celui du 6 octobre : le nombre de C2 a diminué et le nombre de C3 augmenté. Les C2 n'ayant que trois portes et les C3 cinq, cela représente des opérations en plus. La cadence est aujourd'hui fixée à 342 voitures par équipe... avec seulement sept postes supplémentaires !

La nouvelle répartition tire encore un peu plus sur la corde, qui est déjà bien trop tendue. Et tout le monde en a plus qu'assez de cette organisation démente où les effectifs sont tellement resserrés que la moindre absence grippe tout le système. Les cadres en sont à jongler d'une équipe à l'autre, d'un secteur à l'autre, pour essayer de s'en sortir. En permanence les chefs déshabillent un secteur pour essayer d'en rhabiller un autre - ce qui en rajoute au mécontentement.

Réactions ouvrières

À l'initiative de militants de l'usine, des petits réseaux d'ouvriers se sont créés sur les différents secteurs, pour discuter, s'informer, se prévenir les uns les autres. Des réunions se sont déroulées, entraînant à chaque fois plusieurs dizaines d'ouvriers dans les trois équipes, permettant à chacun de s'exprimer et de raconter ce qui se passe dans son secteur. Des travailleurs, individuellement, vont voir les chefs pour leur dire sans ménagement ce qu'ils pensent de la nouvelle répartition. Lors de prises de parole organisées par les militants syndicaux pendant les pauses, l'affluence est plus importante que d'habitude, et les travailleurs ne craignent pas de dépasser le temps de pause pour écouter jusqu'au bout ce que les militants ont à leur dire.

Tout cela entretient une petite ambiance de mécontentement : personne n'est satisfait de la façon dont les choses se passent. La direction a été obligée de mettre en double des ouvriers sur les postes les plus chargés. Mais tout le monde savait que c'était provisoire. Lors d'un premier débrayage, des ouvriers ont transmis à la direction une liste de postes considérés comme intenables : ils sont pas moins de 70, sur les 216 que compte l'atelier du montage !

En réponse, les directeurs ont proposé de créer un « groupe de concertation » avec les syndicats. Les travailleurs n'ont pas accepté la proposition en l'état et ont voté dans les unités de travail du Montage, à plusieurs reprises, pour des ouvriers qui participeraient à ces « groupes de concertation », en plus des délégués syndicaux. Dans l'équipe de nuit, la direction a même été obligée d'arrêter la chaîne cinq minutes pour que ces élections se fassent.

Tentative d'intimidation... ratée

Pour tenter de reprendre la main et de faire courber la nuque aux ouvriers, la direction a voulu jouer de son arme favorite : la sanction. Le 14 octobre, une quarantaine d'ouvriers de l'équipe d'après-midi, au Montage, ont débrayé pendant quarante minutes pour accompagner un ouvrier convoqué pour une sanction - sous un prétexte bidon. Et la nuit qui a suivi, la direction a tenté de remettre ça, en convoquant pour sanction un délégué CGT très apprécié, accusé d'avoir... tapé du poing sur une table !

Cette fois, c'était trop : la moitié de l'équipe (110 ouvriers du Montage et même une dizaine du Ferrage, à l'autre bout de l'usine) s'est mise en grève, à 3 heures du matin, l'heure de la convocation du camarade. La direction, qui espérait bien nous démoraliser en maniant le bâton, y a gagné une manifestation très dynamique en pleine nuit, l'arrêt complet du Montage et une cinquantaine de voitures perdues. Pendant l'entretien, les ouvriers sont restés devant le bureau du chef, en criant « Non aux postes surchargés », histoire de faire comprendre aux patrons que leur tentative de faire diversion n'a pas marché.

Du coup, jeudi 16 octobre, la direction annonçait qu'elle allait créer quatre postes supplémentaires. Ce n'est bien sûr pas suffisant, mais cela faisait longtemps que la direction n'avait pas reculé sur les cadences.

Il reste à vérifier que ces postes soient réellement créés. Les travailleurs ont un sentiment de fierté pour avoir su résister - tout en sachant que la bagarre contre les charges de travail n'est pas finie. Et ils ont prouvé qu'ils savent réagir sans attendre, lorsque la direction touche à un délégué qui relaie leur mécontentement.

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