Il y a quelques semaines, le groupe néerlandais Impress a annoncé la fermeture de l'usine de Laon pour le premier trimestre de l'année 2009.

Cette usine qui compte aujourd'hui environ 180 salariés avait été rachetée en 2006 à US Can par Impress, l'un des plus gros groupes mondiaux de l'emballage métallique. Quelques mois seulement après le rachat, il y avait eu un plan de suppressions d'emplois, et la direction avait déclaré que ces dizaines de licenciements permettraient de garantir les emplois restants. On voit aujourd'hui que c'était des mensonges et qu'en fait, dès le début, le rachat n'avait pour but que la récupération du carnet des clients.

Mercredi 29 octobre, les délégués ont annoncé que lors des négociations, la direction ne proposait que 8 000 euros de prime de départ en plus des indemnités conventionnelles. Pour tout le monde, cette somme paraissait dérisoire, d'autant plus que de nombreux travailleurs de l'usine n'ont pas beaucoup d'ancienneté et que, du coup, leurs indemnités conventionnelles ne sont pas élevées. Et puis, chacun sait qu'il y aura très peu de reclassements. Alors, pour la plupart des salariés cela veut dire qu'ils vont se retrouver chômeurs alors que le chômage est déjà important dans la région et qu'avec l'aggravation de la crise, la situation se dégrade encore.

La colère a donc éclaté et les travailleurs ont immédiatement arrêté le travail. L'usine a été occupée toute la journée et toute la nuit, et les membres de la direction sont restés bloqués dans leurs bureaux à l'usine.

Le lendemain, un directeur du groupe Impress est venu à Laon proposer de nouvelles négociations, en demandant à ce qu'elles aient lieu en dehors de l'usine. Les délégués syndicaux ont alors fait voter pour laisser sortir les membres de la direction, qui ont été raccompagnés à la porte de l'usine sous les huées.

Revenus à l'usine vers 22 heures, les délégués ont annoncé aux grévistes encore présents qu'un accord avait été trouvé. La direction proposait 25 000 euros de prime en plus des indemnités conventionnelles, à condition que le travail reprenne, que l'usine soit nettoyée des boîtes qui avaient été répandues au sol, et en précisant que selon elle il y avait eu pour 100 000 euros de dégâts et qu'ils seraient retirés des primes versées !

Comme si ce n'était pas dans les vies des salariés que les décisions du groupe Impress vont entraîner le plus de dégâts ! En tout cas, quelle que soit la suite donnée au mouvement, chacun a pu constater que c'est la lutte qui, en moins de 48 heures, a obligé la direction à faire passer la prime de 8 000 euros à 25 000 euros.

Aujourd'hui, il serait juste que, même si l'usine de Laon ferme, le groupe florissant qu'est Impress garantisse les conditions d'existence des travailleurs pour les mois à venir, jusqu'à ce qu'ils aient retrouvé un emploi équivalent.

Alors la direction a peut-être tort de penser qu'elle est à l'abri d'un nouveau coup de colère !