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- Lutte ouvrière n°2110
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Dans le monde
Gaza : Halte à l'agression de l'armée israélienne contre la population palestinienne !
Comment rester insensible devant un tel déferlement de violence, devant toutes les images qui parviennent montrant des écoles bombardées, dont celle administrée par l'ONU, où femmes et enfants avaient espéré trouver refuge, devant ces hommes et ces femmes errant hagards au milieu des ruines, portant leurs enfants blessés ou morts ? Et comment aussi ne pas être écoeuré par tous les mensonges servis par les officiels israéliens, par l'arrogance qu'ils affichent dès lors qu'est mis en cause leur droit à assassiner ?
Entendre Tzipi Livni, la ministre des Affaires étrangères, expliquer à un journaliste de TF1 que l'armée israélienne a le souci de la sécurité de la population palestinienne puisqu'avant chaque bombardement elle téléphone aux habitants de Gaza pour qu'ils puissent se protéger ; entendre Avi Pazner, un des porte-parole du gouvernement, affirmer que la prudence et la lenteur dans l'avance israélienne au début de l'intervention terrestre étaient encore la preuve d'un souci de sécurité à l'égard des civils ; entendre tous ces mensonges doucereux, alors que des centaines de Palestiniens meurent sous les bombes et les obus, a de quoi donner la nausée.
Mais les mensonges sont aussi dans tous les arguments prétendument logiques, se voulant convaincants, comme celui-ci asséné à longueur de temps : quel pays pourrait accepter sans réagir de voir son territoire régulièrement frappé par un pays voisin ? Aucun certes ! Mais cette question est particulièrement hypocrite, parce que le problème est justement que voilà soixante ans que l'on refuse aux Palestiniens le droit d'avoir un pays, une existence nationale.
Un refus permanent de reconnaître les droits des Palestiniens
C'est là le fond du problème. Depuis la création de l'État d'Israël, les Palestiniens n'ont aucun des droits nationaux qu'ils revendiquent. Chassés de leur terre en 1948, la plupart d'entre eux ont été contraints de vivre dans des camps de réfugiés, notamment au Liban et en Jordanie. La Cisjordanie était alors annexée par la Jordanie, tandis que Gaza était sous contrôle égyptien. Ce n'est qu'en 1967, aux termes de la guerre dite des Six jours, qu'Israël a occupé la bande de Gaza et la Cisjordanie. Et depuis, par une politique constante, l'État israélien aidé de ses colons a sans cesse grignoté les terres des Palestiniens de Cisjordanie, confinant la population dans des enclaves isolées les unes des autres par de multiples murs et autres barrages.
En novembre 1974, l'Assemblée générale de l'ONU a reconnu le droit des Palestiniens " à la souveraineté et à l'indépendance nationale ". Mais entre cette reconnaissance formelle et son acceptation par Israël, il y eut un fossé jamais franchi. Au contraire même, les gouvernements israéliens, qu'ils aient été de droite ou bien dirigés par des travaillistes, se sont toujours opposés à une telle reconnaissance, souvent par les armes. En juin 1982, l'armée israélienne envahit le Liban et chassa de Beyrouth les organisations palestiniennes, dont l'OLP de Yasser Arafat. En octobre 1985, un raid de l'aviation contre le quartier général de l'OLP à Tunis fit 70 morts. En août 1986, le Parlement israélien vota une loi interdisant tout contact avec les dirigeants de l'OLP.
Il faudra plusieurs années d'Intifada (de soulèvements) pour que les gouvernants israéliens acceptent d'envisager des pourparlers avec l'OLP. Ce sera " Oslo " et une autonomie palestinienne transitoire et géographiquement limitée à la bande de Gaza et la ville de Jéricho en Cisjornanie. Mais si de son côté Yasser Arafat reconnut alors à Israël le droit de vivre en paix (novembre 1988) et élimina de la charte de l'OLP les articles mettant en cause le droit à l'existence d'Israël (avril 1996), les gouvernements israéliens de leur côté ne firent aucun geste significatif qui puisse satisfaire les aspirations nationales des Palestiniens. Au contraire, et malgré les multiples rencontres censées conforter un prétendu processus de paix, ce furent à chaque fois les provocations israéliennes qui mirent le feu aux poudres, comme par exemple l'ouverture d'un tunnel sous l'esplanade des mosquées à Jérusalem (septembre 1996), qui provoqua de violents affrontements entre l'armée israélienne et les manifestants palestiniens faisant plus de 70 morts. Et surtout il y eut durant toute la période la mise en chantier de nouvelles colonies et l'annonce par Israël (janvier 1998) qu'il garderait sous son contrôle de larges parties de la Cisjordanie, même en cas d'accord avec les Palestiniens.
C'est dire que, même avec un partenaire prêt aux compromis, l'État d'Israël resta toujours intransigeant dans son refus d'accepter à ses côtés un État palestinien indépendant. Et lorsqu'il choisit de se retirer de la bande de Gaza, ne parvenant plus à la contrôler suffisamment, il le fit de telle façon qu'il la transforma en prison à ciel ouvert, contrôlant ses frontières terrestres et maritimes ainsi que son espace aérien et y intervenant quand bon lui semblait. Depuis 2006 Israël a imposé un siège complet de la bande de Gaza, où les habitants vivent à la limite de la famine et souvent sans des ressources de première nécessité comme l'eau et l'électricité, dont la consommation est drastiquement limitée, le carburant, les médicaments de base, etc. Ce blocus a déjà causé une catastrophe humanitaire, aujourd'hui aggravée par l'agression militaire.
L'alibi du Hamas
Est-ce à cause du Hamas qu'Israël agit ainsi ? Certainement pas. Aujourd'hui le Hamas a pris la place d'une Autorité palestinienne embourbée dans les compromissions et minée par la corruption. Mais, tout comme l'OLP radicale des années 1970-1980, le Hamas, mouvement nationaliste à l'enveloppe idéologique religieuse, serait lui aussi prêt aux compromis avec le gouvernement israélien pour peu que ce dernier les recherche. En 2006 déjà un des dirigeants du Hamas acceptait, à condition que l'agression israélienne cesse et que soient démantelées les colonies, la création d'un État palestinien dans les frontières de 1967. En juin 2006, le Hamas signait avec l'Autorité palestinienne un document " d'entente nationale " reconnaissant l'existence d'Israël.
Non seulement ces ouvertures restèrent sans réponse mais le 28 juin 2006, après la capture d'un de ses soldats, Israël lança une offensive terrestre et aérienne dans la bande de Gaza, surnommée " pluies d'été ", prélude à l'orage de feu qui allait s'abattre quelques jours plus tard sur le Liban.
Non, le gouvernement israélien ne recherche pas une paix qui accompagnerait la reconnaissance des droits nationaux des Palestiniens. Même lors des derniers événements, et quoi qu'en disent Livni et Barak, c'est Israël qui formellement fut une fois encore l'agresseur. Car, contrairement à ce qui a été dit et répété, ce n'est pas le Hamas qui a rompu la trêve mais bien Israël. En novembre 2008 la trêve qui durait depuis quatre mois a été rompue par Israël lors d'un bombardement qui fit six morts. C'est seulement après ces assassinats que les tirs de roquettes reprirent. Et que dire de la décision de boucler complètement Gaza ? Entre le 5 et le 30 novembre, seuls 23 camions de vivres ont pu entrer dans le territoire, alors qu'en moyenne 3 000 camions par mois sont nécessaires pour répondre aux besoins du million et demi de Gazaouis. Mais visiblement ni les bombardement israéliens ni le blocus ne sont considérés comme des actes d'agression par les dirigeants du monde impérialiste et par leurs soutiens. La politique militariste et agressive des dirigeants israéliens leur rend bien trop service, en maintenant une menace permanente contre les peuples de la région, y compris contre l'intérêt de la population israélienne qui serait de trouver le moyen de vivre en paix et de coopérer fraternellement avec ses voisins.
Alors, en Israël comme dans les pays arabes, en France comme dans les autres pays impérialistes, c'est à tous les peuples, à tous les travailleurs qui souffrent de cette politique cynique et meurtrière de dire non à l'agression de l'armée israélienne contre la population palestinienne et d'affirmer que celle-ci doit pouvoir enfin jouir de ses droits.