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Guadeloupe : La grève se durcit et la mobilisation s'amplifie
La grève en Guadeloupe est totale. Le groupe Hayot et Despointes (ce dernier auteur des dernières déclarations racistes) ont tenté d'ouvrir les Carrefour de Milenis et de Destreland sous la protection de la police en embauchant des intérimaires. Parfois certains patrons exigent qu'ils dorment sur place. Mais en fait, ils n'y parviennent pas.
Partout les piquets de grève, visibles depuis les grands axes, devant les entreprises, sont là debout, vigilants ou jouant aux cartes devant l'entreprise.
Les travailleurs en grève ont pris le pouvoir de fermer ou d'ouvrir quand ils le veulent et quand c'est nécessaire certaines entreprises pour ravitailler la population. C'est ainsi que les travailleurs CGTG de la SARA (société anonyme de raffinerie des Antilles) ont accepté de faire livrer les bonbonnes de gaz (il n'y a pas de gaz de ville en Guadeloupe). Pendant trois jours, la semaine précédente, les grévistes ont ouvert les stations d'essence pour permettre le ravitaillement, tout en avertissant qu'à partir du lundi ce serait de nouveau bloqué. Sur le port en grève ils ne laissent passer que les containers de première urgence comme le matériel médical par exemple.
À l'aéroport, les avions sont obligés d'aller se ravitailler dans les îles voisines, comme Saint-Martin, Porto-Rico ou Antigua.
Au moment où nous écrivons, rien ne fonctionne à part la distribution d'eau et d'électricité, avec de petites coupures tournantes d'électricité, mais courtes. Par contre, il a été discuté au niveau du LKP et parmi les travailleurs grévistes de la Générale des Eaux de ne pas couper l'eau, d'autant que les travailleurs communaux sont en grève et que les services de voirie ne fonctionnent plus, entraînant une puanteur autour des poubelles surchargées. Ce problème commence à être étudié par le LKP et les grévistes afin de soulager ces dernières nuisances supportées par la population.
Enfin partout, les militants sont encouragés par la population. Les gens leur disent « Merci, merci, de ce que vous faîtes pour nous », « Enfin on a réalisé l'unité ». Lors d'une caravane en fin de semaine dernière en passant dans toutes les communes, la population applaudissait et félicitait les militants du LKP qui leur parlaient par groupes de deux cents dans chaque zone.
Alors, bien sûr, les officiels, administration et élus, etc., ont déversé leur indignation envers ce qu'ils appellent « débordements et pillage », etc. Certes, on a constaté que certains magasins avaient été ouverts et dévalisés, mais dans l'ensemble, cette explosion de colère qui a touché toute l'agglomération urbaine montre surtout l'exaspération des jeunes dans un pays qui compte près de 30 % de chômeurs, dont une moitié de jeunes. Une personne sur six vit au-dessous du seuil de pauvreté, plus de 25 000 Rmistes. Ce qui est étonnant est qu'une telle explosion de colère ne se soit pas produite avant.
Le refus du patronat, son attitude méprisante et arrogante, les mensonges de Jego et de Fillon qui renient leur parole ont envenimé la situation. C'est pour cela que des barrages ont été érigés sur toutes les routes de Guadeloupe et que les jeunes ont laissé parler leur colère. On peut toujours condamner les « débordements », cela ne changera rien tant qu'il n'y aura pas une réponse claire aux revendications du LKP et des syndicats. La situation ne se calmera pas en Guadeloupe. Il n'y a aucune raison pour que ceux qui ont manifesté depuis quatre semaines parfois au nombre de 10 000, 20 000 jusqu'à 60 000 dans les rues acceptent d'arrêter leur mouvement sans rien recevoir d'autre que des petites primes par-ci par-là, quelques pistaches ! Ils réclament de vraies augmentations de salaires, la titularisation des précaires, la diminution de prix sur les marchandises de consommation courante, une nouvelle baisse sur le prix des carburants et du gaz...
Les patrons, et en particulier le grand patronat, sont tellement voraces et rapaces qu'ils en deviennent inintelligents. Ils ne se rendent même pas compte que leur refus d'une augmentation de salaire de 200 euros leur fait courir le risque de perdre bien plus que cela et même de n'avoir plus de place en Guadeloupe pour continuer à y faire des affaires.