La grippe « A » : Une pandémie qui ne fait que commencer06/05/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/05/une2127.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

La grippe « A » : Une pandémie qui ne fait que commencer

Depuis une dizaine de jours, le monde serait au bord d'une pandémie de grippe qui a débuté au Mexique. Durant la semaine, les informations n'ont cessé d'être contradictoires, oscillant entre la perspective d'une catastrophe imminente ou ramenant au contraire la pandémie au niveau d'une « simple » grippe saisonnière. Il est difficile de se faire une idée précise des risques réels de cette pandémie, mais les mesures prises par les différents gouvernements un peu partout dans le monde ne sont manifestement pas inspirées par le seul souci de la santé publique.

Les réactions variées des différents gouvernements

Le gouvernement mexicain n'a véritablement commencé à réagir qu'à partir du dernier week-end d'avril. Il a alors interdit les rassemblements publics, y compris les messes, mais il n'a pas voulu obliger le patronat à fermer les entreprises non indispensables dans la semaine. La principale aide que les pays riches ont apportée au Mexique a été de lui fournir des tests pour identifier les véritables malades de la grippe, ce qui explique que l'OMS ne reconnaît actuellement que 590 cas et 25 décès dans ce pays.

Le gouvernement américain a envisagé de fermer la frontière avec le Mexique mais a rapidement considéré que cette mesure était inapplicable. Il a fait isoler les malades et leurs contacts, fermer certaines écoles et lieux d'activités publiques. Cependant un de ses grands soucis a été de multiplier les déclarations rassurantes sur la viande de porc, pour éviter la chute des ventes dans cette filière.

Sur le plan de la lutte contre la contamination humaine, c'est la Chine qui en fait le plus. Elle a suspendu les vols avec le Mexique et mis en quarantaine tous les passagers d'un avion et d'un hôtel où avait séjourné un malade. Ces mesures sont souvent présentées par la presse comme excessives, mais elles ont été approuvées par l'OMS. Cependant une telle rigueur est une exception, seul Cuba a interrompu également ses vols avec le Mexique.

En revanche, en France, Roselyne Bachelot a d'abord déclaré qu'on allait cesser les vols à destination du Mexique tout en laissant rentrer les Français qui s'y trouvent, puisque cette proposition était refusée par l'Europe. Finalement, ce n'est que depuis début mai que les passagers de retour de Mexico remplissent un questionnaire pour qu'on puisse les retrouver ultérieurement et qu'à partir du 5 mai que les passagers aériens venant du Mexique ont été dirigés vers une zone réservée pour éviter de croiser les autres passagers. Par ailleurs, les patients de retour du Mexique ou des USA qui présentaient un syndrome grippal étaient invités à appeler le SAMU qui organisait leur hospitalisation et leur isolement. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il y a eu un certain cafouillage.

Et maintenant ?

Même s'il existe beaucoup d'incertitudes sur le devenir de cette épidémie, l'hypothèse la plus courante est qu'il s'agira d'une « petite » pandémie, comme celle de 1968.

Le gouvernement répète régulièrement que la France est le pays le mieux préparé du monde. Cette préparation a consisté à faire un plan, des stocks de Tamiflu, médicament antiviral dont l'efficacité reste douteuse, et de masques qui en aucun cas ne suffiront à eux seuls à enrayer l'épidémie. Quelques hôpitaux ont libéré des lits isolés pour d'éventuels malades mais il s'agit de quelques dizaines de lits pour toute la France. Même en temps normal les urgences sont débordées, le nombre de médecins de ville est insuffisant pour assurer la permanence des soins. Les fermetures de lits dans les hôpitaux n'ont pas cessé depuis trente ans sous prétexte d'économies. Comment pourra-t-on faire face à un éventuel afflux important de malades ? Le plan du gouvernement prévoit de rappeler les retraités, de faire faire des heures supplémentaires au personnel. Cela sera peut-être suffisant si la pandémie est limitée, mais le risque d'une pandémie grave est loin d'être écarté et si elle survenait il y aurait peut-être assez de masques et de Tamiflu, mais certainement pas assez de médecins et de lits d'hospitalisation.

Une grande partie de l'humanité vit dans des conditions déplorables, dans des bidonvilles, dans des pays où le système de santé est quasiment inexistant. Ce sont des conditions de vie idéales pour la diffusion du virus. Sur le terrain des maladies infectieuses, les intérêts de toute l'humanité sont liés : les virus ne s'arrêtent pas aux frontières ! C'est une évidence et c'est une des raisons d'être de l'OMS.

Face à la pandémie actuelle, le gouvernement du Mexique, qui est un pays pauvre, a été laissé presque seul. Les gouvernements des pays riches ont observé l'évolution, se préparant plus ou moins à lutter chacun chez soi. Mais si les moyens scientifiques et techniques existent pour combattre efficacement de telles pandémies, les dirigeants de ce monde préfèrent consacrer des fortunes à enrichir des gens qui sont déjà milliardaires, plutôt qu'à construire chez eux comme à l'échelle internationale un système de santé tel qu'on pourrait le concevoir à notre époque.

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