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Leur société
Le Père Dodu : Un capitaliste renfloué par des aides « agricoles »
En tête des bénéficiaires des subventions de la Politique agricole commune (PAC) figure le groupe volailler Doux, connu notamment à travers la marque du « Père Dodu », qui a reçu en un an 62,8 millions d'euros.
Au second rang de ces aides prétendument agricoles, on trouve Saint-Louis SNC (Générale sucrière) avec 38,6 millions, suivi d'autres groupes sucriers. Ces groupes de l'agroalimentaire battent de loin le prince Albert de Monaco, ce pauvre agriculteur qui n'a touché que 253 892 euros pour son domaine de Marchais dans l'Aisne.
Le groupe Doux, contrôlé à 80 % par la famille du même nom, classée 149e fortune de France avec 280 millions d'euros, compte 13 000 salariés à travers le monde, dont environ 5 000 en France. Il a supprimé l'année dernière près de 700 emplois à Locminé et à Pleucadeuc dans le Morbihan, ainsi qu'à Châtelet dans le Cher. Xavier Bertrand, alors ministre du Travail, avait déclaré que l'État assumerait toutes ses responsabilités, ajoutant que « les salariés ne sont et ne seront pas seuls », et il avait transmis un message d'« urgence » à son collègue Michel Barnier, ministre de l'Agriculture. Mais c'était pour le discours.
Quand il s'agit de subventions, l'État sait se montrer autrement efficace. Le groupe Doux déclare que « l'intégralité des 62 millions d'euros est constituée de restitutions à l'exportation », précisant que pour chaque tonne de volaille exportée, Doux touche entre 300 et 500 euros, soit entre 30 et 50 centimes sur un prix moyen d'un euro par kilo. Ces « restitutions » sont, dans le langage de l'Union européenne, des subventions prises sur l'argent public.
Selon la Confédération paysanne, Doux bénéficie également d'aides publiques indirectes du fait que la nourriture des animaux est produite dans ses propres usines, à base de céréales largement subventionnées.
Par ailleurs, Doux a bénéficié d'aides publiques du Conseil général du Finistère et de la région Bretagne. Sous le gouvernement socialiste de Jospin, il avait touché des subventions pour le passage aux 35 heures, ce qui ne l'avait pas empêché, en 2003, d'imposer la suppression des RTT et 37 h 30 de présence dans l'usine payées 35 heures. À partir de juillet 2004, Doux n'avait plus rémunéré les temps de pause, ce qui a conduit près de 1 300 salariés du groupe, aidés par la CGT, à engager des poursuites auprès de plusieurs conseils des prud'hommes.
Par ailleurs, le groupe soumet 4 300 éleveurs « indépendants » à des conditions de production et de rémunération qui n'ont rien de doux : il leur fournit les poussins et les aliments, assure le suivi vétérinaire et achète les volailles à des prix qu'il leur impose.
Si la fortune de Doux et l'accumulation des subventions au fil des ans étaient mises sur la table, on verrait alors qu'il est possible de permettre de vivre à tous les travailleurs, ou ex-travailleurs, salariés ou éleveurs « indépendants ».