Les services du Vatican et les commentateurs respectueux nourrissaient quelques craintes quant au voyage papal au Proche-Orient, en Israël et en Jordanie notamment. En effet, après les déclarations fracassantes de Benoît XVI en Afrique contre l'utilisation du préservatif, ils craignaient que le vieillard réactionnaire ne capote à nouveau. Et il y avait matière à dérapage... Comment le pape allait-il pouvoir prêcher dans cette région après avoir réintégré dans son Église un évêque intégriste qui nie l'existence de l'extermination des Juifs par les nazis et avoir fait lui-même des déclarations associant islam et violence ?

Eh bien, dûment chapitré par ses conseillers et suivi de près par ses gardes du corps et de l'esprit, il est parvenu à ne dire que les habituelles banalités sur la Paix, l'Amour et la Tolérance. Toutes vertus qu'il présente benoîtement aux peuples vivant dans la misère sous diverses dictatures locales et même aux Palestiniens à qui on ne reconnaît même pas le droit d'avoir un État.

Du point de vue politique, la mission papale a donc été remplie. Benoît XVI a donné sa bénédiction à l'ordre établi, ignoré les opprimés et évité de dire des phrases scandaleuses même aux oreilles les plus conformistes. Elle a par contre échoué sur le plan de la propagande religieuse même si aucun commentateur ne l'a relevé. Le pape qui prétendait mettre ses pas dans ceux de Jésus n'a pas osé tenter le coup sur le lac de Tibériade...