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Dans le monde
Gabon : Mort du dictateur Omar Bongo
Omar Bongo a été l'un des dictateurs les plus corrompus du continent africain et un fidèle serviteur des intérêts de la bourgeoisie française. Il a été le symbole de l'affairisme. Il s'est maintenu au pouvoir grâce à l'armée française, qui n'a jamais quitté le Gabon depuis la colonisation. Mis en selle en 1967, grâce à l'appui de de Gaulle et d'Elf Aquitaine, Omar Bongo s'est cramponné à son fauteuil pendant plus de quarante ans. Il s'est fait réélire en 2005, avec près de 80 % des voix, fraude massive oblige. Il faut dire que la place était et est toujours lucrative. Tout en laissant Elf, puis Total, piller le pétrole gabonais, Bongo et son clan familial (son fils Ali Ben Bongo est ministre de la Défense) ont fait main basse sur l'économie du pays. Le vieux dictateur a été de tous les coups tordus de la France en Afrique, jouant les entremetteurs entre pouvoir et rebelles au Tchad, sauvant la mise à un autre dictateur en passe d'être renversé en Centrafrique, tandis que son pays servait - et sert toujours - de base arrière de l'armée française afin qu'elle puisse intervenir rapidement dans les autres pays du pré carré africain.
Ami de de Gaulle, de Pompidou, de Giscard, de Mitterrand, de Chirac et de Sarkozy, Bongo a maintenu les liens privilégiés entre la France et le Gabon sous tous les présidents français. Et pour cause, il était aussi connu pour ses largesses financières et payait les campagnes électorales de ses protecteurs, de gauche comme de droite. Impliqué dans l'affaire Elf dans les années 1990, il avait été plus récemment mis en cause dans l'affaire des « biens mal acquis », ses nombreuses propriétés acquises sur le sol français avec l'argent de l'État gabonais.
Aujourd'hui, la classe politique française et africaine pleure l'un des siens. Cependant, la population gabonaise ne semble pas prête à se joindre à ce concert de louanges, elle qui vit dans la pauvreté la plus grande depuis des décennies. Du règne de Bongo, elle ne saurait retenir que misère, souffrance et répression. Le pouvoir en place ne s'y trompe pas : il craint par-dessus tout que la disparition du dictateur ne provoque des émeutes populaires. C'est pourquoi il vient de décréter un deuil de 30 jours... ainsi que de mettre la police et l'armée en état d'alerte et de fermer toutes les frontières, au cas où.